Dans son bulletin mensuel publié le 24 avril 2023, la Commission européenne fait état de l’amélioration de la situation hydrique d’une bonne partie de l’Europe au 17 avril. Des précipitations importantes ont « été bénéfiques pour la restauration de l’humidité du sol et des niveaux des eaux souterraines ».
Ces précipitations ont en revanche « parfois entraîné des retards importants » dans les chantiers. Semis de betterave, plantation de pommes de terre ou semis d’orge de printemps ont ainsi été perturbés dans les îles britanniques, le nord de la France et les pays du Benelux. Cela pourrait affecter le potentiel de rendement de ces cultures.
Des pluies bienvenues mais insuffisantes en France
En France, « la douceur des températures a favorisé un démarrage précoce des cultures d’hiver, estimé à deux semaines d’avance par les analyses de télédétection et confirmé par le rapport Céré’Obs ». L’observatoire estime par ailleurs que les conditions de culture étaient « bonnes à très bonnes » au 17 avril pour 93 % des blés tendre, 90 % des blés durs, 91 % des orges d’hiver et 95 % des orges de printemps (stable).
Les pluies n’ont toutefois pas été suffisantes sur le territoire pour remonter les nappes phréatiques à des niveaux moyens. Au 24 avril, des restrictions de prélèvements d’eau à des fins agricoles étaient appliquées dans 18 départements.
Pourtour méditerranéen en souffrance
Les conditions de sécheresse « se sont poursuivies dans le nord de l’Italie et se sont aggravées dans la péninsule Ibérique », pointe la Commission européenne. Elle note que « dans le nord de l’Italie et de l’Espagne, la campagne de semis des cultures d’été a commencé avec de fortes inquiétudes quant à la disponibilité future de l’eau pour l’irrigation ».
La péninsule Ibérique n’a pratiquement pas connu de pluie significative depuis janvier. Les températures et le rayonnement solaire sont plus élevés que la normale, aggravant la situation. La Commission estime qu’une partie « substantielle » des surfaces de maïs et de riz y sera remplacée par du tournesol et d’autres cultures plus résistantes à la sécheresse. « Une partie des zones pluviales pourrait ne pas être semée du tout », indique-t-elle.
L’Agence météo espagnole, l’Aemet, indiquait le 23 avril 2023 que des températures extrêmement élevées pour la saison (supérieures à 30°C, voire 35°C) étaient prévues durant les jours suivants.
Serge Zaka, consultant en agroclimatologie, souligne que le manque d’eau impacte durement le pourtour méditerranéen (sud de la France, péninsule Ibérique et nord de l’Afrique). Selon lui, la zone est « en train de plonger dans une crise agricole qui aura certainement des répercussions internationales ».