Après une longue période sans pluie efficace, les précipitations de mars ont permis de rehausser les niveaux dans l’ouest du pays. Toutefois ces pluies ont peu d’effet sur l’état des nappes. Elles restent en majorité (75 %) en dessous de leurs normales mensuelles contre 58 % l’année dernière à la même date. « La recharge des nappes de 2022 à 2023 est actuellement insuffisante sur une majorité du territoire », déclare Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), à l’occasion d’une conférence de presse tenue ce jeudi 13 avril 2023. Cette situation rend probable un risque de sécheresse pour la période estivale dans certaines régions françaises.

Un risque « très fort de sécheresse » dans certaines régions
Le bureau d’études anticipe un risque « très fort » de sécheresse pour plusieurs dizaines de départements répartis dans le Nord, le Centre-Ouest et une partie du Sud-Est. Ce statut traduit des niveaux « modérément bas à très bas en mars et présage d’un printemps et d’un été probablement tendus », précise le BRGM. En l’absence de pluies « très excédentaires » dans les mois qui viennent, des restrictions d’eau pourraient être appliquées en 2023.

« Les prévisions sur le printemps dépendront de la pluviométrie. Il reste avril pour faire la recharge et le début des campagnes d’irrigation », prévient Violaine Bault. « On espère toujours qu’avril ou mai sera pluvieux et inversera la situation dans certaines parties du territoire », poursuit-elle. Pour l’instant, près de la totalité des nappes inertielles du Bassin parisien et du couloir du Rhône-Saône affichent déjà des niveaux en dessous de la normale. « La recharge a été déficitaire, voire inexistante. Elles sont très sollicitées pour nos usages, on sait qu’elles vont se dégrader lentement durant toutes la période du printemps et de l’été », déclare l’hydrogéologue.
Les zones à « risques forts », couvrent la majorité du territoire. Il s’agit des secteurs où les nappes ont des niveaux « insatisfaisants », proches ou en dessous des normales mensuelles en mars. L’état des nappes dépendra essentiellement des pluies au cours des prochaines semaines. « S’il pleut suffisamment en avril et en mai on peut rester au-dessus du seuil sécheresse », rassure Violaine Bault.
Un enchaînement de sécheresse
Le risque « faible » concerne les nappes avec des niveaux actuels plutôt satisfaisants. Elles se situent en Bretagne, dans le Pas-de-Calais, la Somme et l’Alsace. « Dans le cas d’un printemps et d’un été 2023 à l’image de 2022, avec une absence de pluies, des températures élevées et une forte demande en eau, ces nappes pourraient connaître une baisse importante de leur niveau », précise le bureau de recherche. Aucune nappe ne présente des niveaux supérieurs aux normales de mars, pour pouvoir garantir des niveaux suffisant jusqu’à l’automne. C’est pourquoi le risque « très faible » n’est pas illustré sur la carte du BRGM.
Même si l’état des nappes varie en fonction des secteurs, la situation est « assez inquiétante ». « Toute la France est touchée et il y a eu un enchaînement de plusieurs années sèches en 2019, 2022 et 2023. On voit aujourd’hui que ce ne sont plus des cycles. À la place, on enchaîne des années sèches et toutes les ressources en eaux sont affectées », alerte l’hydrogéologue.