En 2022, le conflit russo-ukrainien a déstabilisé le marché français de la semence oléagineuse, les deux pays étant d’importantes destinations pour la production française. La surface emblavée avait alors atteint quelque 30 000 hectares, après un pic à plus de 41 000 hectares en 2019 et près de 32 500 hectares en 2021, retraçait Laurent Bourdil, président de l’Anamso, Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences oléagineuses, le 17 avril 2023.

La rémunération des semences a également pesé dans la balance : du fait de l’envolée des cours des oléagineux, la différence entre les « prix consommation » et les « prix semences » s’est réduite, grappillant la valeur ajoutée de la semence. Pour maintenir les surfaces, « les établissements ont déjà fait des efforts [sur les contrats], mais aujourd’hui les producteurs sont encore en attente de revalorisations », indique Laurent Bourdil. La volonté de reconstituer des stocks réduits par la hausse des surfaces d’oléagineux semble aller dans le sens des producteurs.

Attirer de jeunes multiplicateurs

Si le nombre de multiplicateurs reste relativement stable, « on a surtout une crainte sur les années à venir avec pas mal de producteurs qui vont prendre la retraite, sans forcément de reprise. […] Lorsque les terres partent à l’agrandissement, les surfaces en multiplication ne sont souvent pas maintenues, du moins pas en intégralité, explique Laurent Bourdil. Il faut donc pouvoir proposer aux jeunes producteurs de la visibilité et une stabilité pour qu’ils puissent se lancer sereinement dans la production de semences. »

Ainsi, pour sécuriser la production, l’Anamso travaille sur quatre dossiers de long cours :

  • La lutte contre les dégâts d’oiseaux, en encourageant les producteurs à bien déclarer leurs pertes pour espérer obtenir une autorisation de régulation et/ou un accompagnement pour trouver des solutions concrètes et durables ;
  • La gestion de la récolte et du séchage, pour faire notamment face au récent retrait du dicat, un herbicide déssicant ;
  • L’intérêt des plantes compagnes associées au colza avec le suivi d’essais ;
  • La pollinisation, avec la poursuite de différents travaux engagés sur les ruches depuis plusieurs années.