Avec 1 130 ha en 2021, l’Ouest est devenue la troisième région productrice de colza bio ; après la Nouvelle-Aquitaine (1 300 ha) et l’Occitanie (1 150 ha). « Notre principal atout tient aux conditions d’entrée : nous avons la chance d’avoir des pluies d’été qui permettent de semer tôt », pointe Thomas Méar de Terres Inovia, sur la base des données de Secolbio.

Lancé en 2020, ce projet Casdar (2021-2023) a pour objectif d’optimiser les itinéraires techniques du colza bio dans les six principaux bassins de production français. À cet effet, des diagnostics agronomiques ont été réalisés sur les campagnes 2021 et 2022 ; 128 parcelles – dont 44 dans l’Ouest – ont été suivies. En complément, quinze essais (lire encadré) ont été mis en place.

Des densités de semis élevées

Sur cette base, Secolbio révèle des spécificités dans les itinéraires techniques de l’Ouest. En particulier, l’observatoire met en évidence la diversité des précédents. Certes, les céréales à paille dominent mais nettement moins qu’ailleurs. Elles sont présentes dans un tiers des parcelles à peine et autant que les associations « céréales/légumineuses ».

Du côté des semis, la très grande majorité (80 % en 2020, 60 % en 2021) est réalisée avant fin août. « C’est un atout à développer d’autant plus qu’on observe une baisse nette du potentiel de rendement après le 5 septembre », insiste Céline Bourlet, de la chambre d’Agriculture des Pays de la Loire.

Cette précocité des semis va de pair avec des fortes densités et un travail exclusivement réalisé au semoir à céréales. Dans les 44 parcelles suivies, les semis à 50-60 et 60-100 graines/m² sont les plus courants. Une part non négligeable, en semences fermières, dépasse les 100 graines/m².

Pour autant, « il n’y a pas d’intérêt à monter en densité parce qu’on observe, même à de très fortes densités, que le nombre de plantes levées plafonne ; autour de 40/m². Autrement dit, les pertes à la levée sont conséquentes ; entre 30 et 50 % ». Dans le prolongement, le lien entre le nombre de plantes levées et la biomasse entrée et sortie d’hiver n’est pas établi.

« Dans les autres régions, plus le peuplement est faible, plus la biomasse entrée et sortie d’hiver l’est. En Bretagne et Pays de la Loire, les conditions d’automne sont très favorables à la croissance du colza ; même dans les cas où on a peu de pieds, ils sont gros ».

Un rendement supérieur à 20 q/ha

Logiquement, Secolbio confirme des biomasses entrée et sortie d’hiver élevées ; « toujours largement supérieures à 1,5 kg/m² », précise Thomas Méar. En 2021, la biomasse entrée d’hiver dépassait même les 3 kg/m² ; « en sortie d’hiver, on était à plus de 4 kg/m² ».

Du côté des rendements, « ils ont été tout à fait corrects ; en tout cas, toujours au-dessus de 20 q/ha même avec des densités faibles », explique Céline Bourlet. Pour autant, la chambre d’Agriculture et Terres Inovia invitent à ne pas perdre de vue le risque de salissement ; tout particulièrement en début de cycle.

« Même si dans notre région on ne voit pas forcément de différence de rendement d’une densité à une autre, l’objectif de 40 plantes/m² reste l’optimum à atteindre. Il va permettre à la fois de sécuriser le rendement et de limiter le risque de salissement ».