La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Agir pour l’environnement et Générations Futures, membres du conseil de surveillance sur les néonicotinoïdes (NNI), affirment leur opposition au renouvellement de la dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes dans une lettre ouverte adressée à Élisabeth Borne et Marc Fesneau le 12 janvier 2023.

Prévu dans la loi du 14 décembre 2020, le projet d'arrêté concernant les NNI fera l'objet d'un vote lors de ce conseil de surveillance le 20 janvier 2023. À l'occasion de ce dernier, et aux regards d'études scientifiques, elles demandent "l'interdiction totale et définitive des néonicotinoïdes dès 2023 sans aucune exception possible à partir du 1er juillet 2023".

La recherche mise à l'œuvre

Les associations appellent à éclairer le vote du 20 janvier "par les dernières études scientifiques réalisées dans le cadre du plan national recherche et innovation". Ces dernières montrent que le risque épidémique de jaunisse est moins important qu'en 2020. "Parmi les 264 plantes analysées par l'Institut technique de la betterave et l'Inrae au début de décembre 2022, aucune ne se révèle positive au virus de la jaunisse" avec seulement 6 % d’entre elles qui "présentent un résultat douteux", expliquent-elles. La jaunisse ne s'exprimant qu'en présence d'un réservoir viral et de l'apparition précoce de pucerons dans le milieu.

En outre, les ONG mettent en lumière des solutions alternatives aux NNI ayant émergé depuis 2020 comme la plantation de bandes enherbées et fleuries ou de plantes associatives, telles que l'avoine. Elles mentionnent également la possibilité d'employer des phéromones ou des produits aphicides moins toxiques, ainsi que des variétés de betteraves plus résistantes.

"À bout de souffle"

Les ONG questionnent au passage la composition du conseil de surveillance "qui semble favoriser en premier lieu les intérêts de l'industrie betteravière française", selon elles.

"Les crises successives que traverse la filière de la betterave mettent en lumière le fonctionnement d'un modèle agricole productiviste à bout de souffle", lancent elle aux ministres. Depuis, "incapable de résilience face à une maladie qui a pourtant toujours existé", elles espèrent pouvoir préserver la biodiversité qui "n'a déjà que trop souffert".