"Les semis de blé dur sont bien avancés, constate Yannick Carel, ingénieur chargé d’études chez Arvalis. On s’orienterait cependant vers une baisse des surfaces françaises d’au moins 5 %. Plusieurs hypothèses à cela. Le fait que le blé dur soit une culture plus technique et donc risquée que le blé tendre. L’espèce demande aussi davantage d’azote et de trésorerie."
Les yeux tournés vers le Canada
"Toutefois, si l’on regarde l’écart de prix entre les deux blés, il est actuellement en faveur du blé dur, avec 130 à 150 €/t, analyse-t-il. Mais jusqu’à il y a un mois, aucun prix d’achat pour 2023 n’avait été proposé. En août et septembre, les marchés sont souvent léthargiques, en attendant de voir ce qui se passe au Canada. Ce pays fait la pluie et le beau temps, avec un peu moins de 20 % de la production mondiale et deux tiers des échanges."
"Or, sa production devrait de nouveau se situer dans une fourchette haute : entre 5,6 et 6 millions de tonnes. Durant trois ans, la consommation mondiale a été supérieure à la production et les stocks se sont dégradés. Mais après la terrible sécheresse de 2021, Canada et États-Unis (2 millions de tonnes), reviennent donc pour approvisionner le marché mondial et un équilibre entre l'offre et la demande s’installe."
"Le colza canadien ayant été prioritaire pour le transport par voie ferrée, il y a eu un retard d'acheminement du blé dur jusqu'aux terminaux d'exportation, ce qui a pu aider à tendre les prix, complète Yannick Carel. Aujourd’hui, on est ainsi autour de 430-450 €/t (prix agriculteur), contre 385 €/t à la mi-septembre. Mais une fois que la machine canadienne, qui a pour objectif d’exporter près de 5 millions de tonnes, va se mettre en route cela pourrait faire baisser les prix."