Après huit ans de tests, la plateforme expérimentale Syppre Lauragais vient de présenter ses résultats. À la base de ce travail de recherche : un système témoin, fondé sur la rotation « traditionnelle » du Lauragais enchaînant blé dur et tournesol, comparé à une rotation longue, sur huit ans, avec des cultures intermédiaires, un travail du sol limité et l’objectif de n’utiliser le glyphosate qu’en dernier ressort. Le tout sur une parcelle de coteaux argilo-calcaires, orientée vers le nord et non-irrigable.
Les objectifs affichés de ce système « innovant » : « Améliorer la performance économique, la fertilité des sols et les risques érosifs, le bilan énergétique, et réduire la dépendance aux intrants et les émissions de gaz à effet de serre (GES) », énumère Eva Deschamps, responsable de la plateforme pour Arvalis.
Quels sont les résultats des comparaisons sur les deux cultures phares du Lauragais, le blé dur et le tournesol ? « Dans les deux cas, nous avons une meilleure gestion des maladies dans le système innovant », indique la spécialiste. Les deux cultures « innovantes » semblent aussi mieux résister au changement climatique.
Semences certifiées
Du côté du blé dur, « les deux systèmes ont des produits bruts équivalents, avec une teneur en protéines qui se tient dans les deux cas, résume Eva Deschamps. Sur l’innovant, on a une baisse des charges, notamment due à la diminution de l’engrais. »
Ainsi, en moyenne sur huit ans, le blé dur innovant a reçu environ 75 kg d’azote de moins par hectare et par an. Les effets du système et le meilleur pilotage des apports d’azote expliquent aussi que « le blé dur innovant performe quand l’automne est doux, ce qui est souvent le cas ces dernières années. Il est plus efficace également quand le printemps est sec. »
Le bilan du tournesol innovant est plus « contrasté », indique Vincent Lecomte, ingénieur chargé d’études chez Terres Inovia. Du côté pile, « le rendement, la teneur en huile et le produit brut sont équivalents sur l’innovant et sur le témoin. » Le risque érosif diminue dans le système innovant. Revers de la médaille : « le niveau des charges est beaucoup plus élevé » (1 282 €/ha en innovant, contre 937 €/ha pour le témoin).
Cela s’explique notamment parce que la plateforme a fait le choix des semences certifiées, et que les charges de semences de couverts (444 €/ha en innovant, contre 109 €/ha) sont entièrement affectées au tournesol alors qu’elles bénéficient à l’ensemble du système. Autre point délicat : la gestion des limaces, plus présentes du fait des couverts, et qui entraîne une hausse des charges phytosanitaires sur l’innovant.
Au chapitre de la croissance, « l’indice foliaire de l’innovant en début de floraison est moins important que le témoin, mais c’est une bonne chose, assure Vincent Lecomte. À la fin du cycle, les feuilles vertes restent plus longtemps, ce qui est bon pour le rendement. » Bref, le tournesol innovant est plus robuste pour faire face aux stress liés au changement climatique.