L’assemblée générale du GIPT (Groupement interprofessionnel pour la valorisation des pommes de terre), qui réunit les organisations nationales des producteurs et des industriels de la branche de la féculerie et de la branche de la transformation (chips, frites et spécialités surgelées, purées déshydratées, pommes de terre sous vide), a eu lieu vendredi 10 décembre 2021.
« Encore beaucoup de travail à réaliser »
Si à cette occasion, l’interprofession a élu Arnaud Delacour à la présidence du GIPT pour succéder à Christian Vanderheyden, qui part à la retraite, l’assemblée générale a eu pour thème la loi Egalim 2, sa mise en œuvre et ses conséquences sur la filière.
« Il reste encore beaucoup de travail à réaliser », a ainsi conclu Christian Vanderheyden, l’ancien président, à l’issue de la présentation « Egalim 2 » réalisée par Françoise Moreau-Lalanne, ambassadrice de cette loi au ministère de l’Agriculture.
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Travailler sur les indicateurs et les organisations de producteurs
« Il nous reste à travailler sur nos indicateurs, pour qu’ils puissent coller au plus près de la réalité des événements économiques, a-t-il insisté. Aujourd’hui, les indicateurs qui nous servent de référence ne prennent pas en compte les évolutions de coûts des matières premières. L’autre grand chantier concerne aussi nos organisations de producteurs qui doivent être reconnues au sens de l’OCM unique dans le cadre réglementaire de la Pac et non pas seulement par les acteurs économiques de notre filière. Ce travail n’est pas simple car les groupements actuels fonctionnent malgré tout avec efficacité depuis plus de 20 ans. »
« Au final, la mise en œuvre de cette loi doit servir à la fois les producteurs, les industriels pour obtenir une rémunération des efforts du travail fourni par chacun. Les très fortes hausses de coûts de production ces derniers mois au niveau agricole et industriel doivent impérativement être répercutées vers l’aval si nous voulons que la production de pommes de terre perdure dans le temps en France. Par ailleurs, il est évidemment trop tôt pour réaliser un bilan de la première loi, en particulier à cause de la pandémie mondiale qui a eu un impact très fort sur notre filière », a appuyé Christian Vanderheyden.
Des aides jugées insuffisantes
Concernant le Covid, l’interprofession précise que la filière est en difficulté et s’interroge sur la gestion de cette crise par les pouvoirs publics : « Là nous avons besoin d’aide de l’État ! » En effet, sur les 10 millions d’euros attendus, l’aide n’a été que de 4 millions d’euros et n’a concerné que les producteurs individuels.
En revanche, les parties structurellement organisées de la filière (industriels, coopératives, groupement) n’ont pas pu être éligibles aux aides. Et une fraction de ces 10 millions d’euros a par ailleurs été remise sur les dossiers bâtiments de stockage.
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Plan de rénovation des bâtiments
« La mise en œuvre d’un plan de rénovation de ces bâtiments est également un semi-échec, juge le GIPT. Dans sa mise en œuvre, les critères d’attribution des aides sont trop restrictifs. La concertation a eu lieu mais donne l’impression que les professionnels ont peu ou pas été entendus. Espérons que les enseignements de cette première année servent à un réajustement ! »
« Nous ne remettons pas en cause cette mesure. Pour être plus performant économiquement, pour répondre aux évolutions réglementaires, face à des contraintes énergétiques, ce programme de rénovation des bâtiments a du sens et nous le soutenons. Les besoins sont là et les producteurs sont prêts à s’engager. Mais le cadre doit être clair, facile d’accès et permettre cet effet de levier nécessaire pour que ce projet soit une grande réussite. Il faut mettre tout en œuvre pour pérenniser ce dispositif », a encore insisté l’interprofession.
Secteur de la fécule en difficulté
La crise du Covid n’a pas eu d’impact négatif que sur les pommes de terre industrielles. Avec un décalage dans le temps, elle a aussi touché le secteur de la fécule avec notamment une baisse des cours. Les prix de la fécule se sont en effet rapprochés des prix de l’amidon de blé et de maïs.
« Je remercie le ministre de l’Agriculture d’avoir reconduit l’aide couplée dans le cadre du projet stratégique national. C’était nécessaire mais est-ce que ce sera suffisant ? Malheureusement en ce moment, rien n’est sûr et la conjoncture actuelle des autres productions agricoles nous incite à la prudence », a conclu Christian Vanderheyden.