L’édition de 2021 du congrès du maïs se tient dans un contexte « inédit », « avec des rendements et des prix », souligne Daniel Peyraube, président de l’AGPM. « Nous allons atteindre les 110 q/ha. C’est le succès de toute la filière, de la recherche, des instituts, des outils économiques », a-t-il félicité les producteurs.

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« Arrêtez de toujours faire payer le producteur ! »

La répartition de la valeur était au cœur des sujets de l’UFS (1) et de la FNPSMS (2). « Elle ne permet pas d’alimenter suffisamment les activités de recherches, et les investissements nécessaires à la compétitivité de la filière française des semences. Cela met sous pression la rémunération des producteurs », constate Xavier Thevenot, président de la section du maïs et du sorgho de l’UFS. L’UFS fait le constat qu’on n’a pas de marge de manœuvre et qu’on a du mal à répercuter la hausse des commodités et des coûts de production à laquelle on doit faire face. »

« Cette répartition inégalitaire existe depuis longtemps, mais permettait aux producteurs d’en vivre, a lancé un maïsiculteur dans la salle. Mais on voit ces dernières années des producteurs qui abandonnent, c’est regrettable. » « Arrêtez de toujours faire payer le producteur ! » martèle un autre. Et encore un : « La captation de la valeur ajoutée, c’est les distributeurs qui la prennent, ça fait longtemps qu’on le sait. Ne peut-on pas se mettre autour d’une table ? »

« C’est tout le sens du travail qu’on a lancé, avec une enquête au sein de Semae et de la FNPSMS, a répondu Pierre Pagès, président de la FNPSMS. Il faut qu’on aille voir les distributeurs. On doit continuer à construire une filière performante. C’est l’enjeu de cette année : comment on peut travailler à une meilleure répartition de la valeur. Ce n’est pas en claquant des doigts. On a besoin de productions, de surfaces, et de les sécuriser. »

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L’innovation, un enjeu

L’innovation pour sortir des impasses, l’innovation pour répondre aux attentes des citoyens, l’innovation pour répondre au défi climatique… « On en a besoin », affirme Jean-Marc Schwartz, de l’AGPM. Face aux raréfactions de solutions, des molécules menacées d’interdiction, la génétique en constitue le levier principal. « Un premier pas a été franchi en avril dernier quand la Communauté européenne a reconnu qu’il fallait une évolution du cadre réglementaire », ajoute-t-il.

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Le système d’inscription au catalogue français a été revu pour regagner de l’attractivité. « Le nombre de dépôts à l’inscription au travers du CTPS (3) était en diminution constante ces dernières années, constate Laurent Guerreiro pour l’UFS. Fini, le système qui consiste à battre les deux meilleurs témoins pour chacun des groupes de précocité.

« L’opportunité est offerte aux déposants de fournir des données d’expérimentation, complète le spécialiste. Cette action permet l’accélération de l’inscription, possible en un an, sans réduire le côté qualitatif. »

En 2021, près de 85 000 ha ont été cultivés pour la production de semences de maïs. Les tensions sur les stocks, particulièrement bas à la fin de la campagne de 2020-2021, ont justifié l’augmentation du plan de production. « Il n’atteindra pas 100 % de l’objectif cette année », a annoncé Xavier Thevenot.

Le maïs « chahuté » à Bruxelles

La Pac 2023 est l’un des gros dossiers de l’AGPM. « La monoculture du maïs était le totem à abattre, résume Franck Laborde, secrétaire général de l’AGPM. Les filières du maïs pourront continuer à travailler, à ramener de la valeur ajoutée. Mais le travail n’est pas terminé. » « On a réussi à fédérer autour de nous le secteur des filières animales », ajoute Daniel Peyraube.

Invitée à l’assemblée de l’AGPM, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, a souligné le rôle de la crise du Covid. « Cette crise a entraîné un changement fondamental : on parle désormais de souveraineté alimentaire, quand avant on parlait de montée en gamme. La chaîne alimentaire a tenu. Le regard de l’agriculture a changé en deux ans. Sans crise Covid, il n’y aurait pas eu de plan de relance, et le président n’aurait jamais parlé de robotique, ni de génétique. »

Dans une vidéo, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie est, quant à lui, revenu sur la « refonte historique du système de couverture des risques », ou encore les travaux du Varenne de l’eau, dont l’AGPM est partie prenante.

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Justine Papin

(1) Union française des semenciers.

(2) Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho.

(3) Comité technique permanent de la sélection.