Après des rendements exceptionnels en 2021, cette récolte de maïs en 2022 s'annonce "historiquement basse", en lien avec unclimat très chaudet sec. "Les cycles ont été très courts", résume Thomas Joly, responsable du maïs chez Arvalis lors d'une conférence de presse organisée par l'AGPM le 5 octobre 2022.
La sécheresse a accéléré le cycle
À cause de la vague de froid au début du printemps, les semis ont été décalés sur la seconde quinzaine d'avril. "La chaleur a favorisé une levée rapide, puis les conditions sont restées chaudes tout l'été", explique Thomas Joly. La floraison a été précoce, et les températures excessives ont pénalisé la fécondation, entraînant dégradation du pollen et avortements de grains.
Si les premiers semis ont pu profiter d'un peu d'eau fin juin, les semis de la fin d'avril et du début de mai ont eu des conditions plus difficiles, la floraison se déroulant en juillet, pendant la vague de chaleur.
"Les situations sont très hétérogènes", rapporte Thomas Joly. Les maïs irrigués font de meilleurs scores que les maïs pluviaux : 100 q/ha contre 66 q/ha. "Les arrêtés de restrictions d'irrigation plus ou moins précoces n'ont pas permis d'accompagner les maïs jusqu'au bout.
Face à la demande climatique, les irrigants ont parfois eu du mal à suivre la cadence", souligne l'ingénieur. Daniel Peyraube, président de l'AGPM, insiste : "Les producteurs détenant l'eau sont résilients. Le Varenne de l'eau a permis des avancées, mais il patine aujourd'hui."
70 000 ha transférés en maïs fourrage
"L'été a été difficile pour les cultures estivales comme les fourrages", poursuit Thomas Joly. Le potentiel du maïs fourrage tout comme la pousse de l'herbe ont été affectés par la sécheresse.
"Les éleveurs ont besoin de stocks, ce qui les a poussés à acheter du maïs sur pied", souligne-t-il. Le transfert de maïs grain vers le maïs fourrage porterait sur 70 000 ha. La surface de maïs récolté en grain se replie ainsi à 1,27 million d'hectaresen 2022 (moyenne quinquennale 2017-2021 à 1,44 million d'hectares).
Le rendement moyen est estimé à 7,9 t/ha, "sur le même niveau qu'en 2003, à 7,7 t/ha", compare Thomas Joly. La production est attendue à 10,01 millions de tonnes contre 14 millions de tonnes en moyenne sur les cinq dernières années.
Près de deux tiers des parcelles ont été récoltés à ce jour, avec une avance moyenne de 20 jours. L'année précoce permet de récolter du maïs sec, aux normes. "On est en capacité d'attendre qu'il sèche avant de récolter, indique Thomas Joly, ce qui nous "sauve" dans le contexte d'inflation du prix du gaz."
Baisse des prix à prévoir
"Le contexte de prix reste élevé, avec une dynamique de hausse depuis la fin de 2020", observe Arthur Boy, chargé de missions économie de l'AGPM. Les prix restent soumis à une volatilité importante, liée en grande partie à la guerre en Ukraine et aux conditions de culture aux États-Unis.
Inflation, crise énergétique, baisse de la demande en alimentation animale, manque de compétitivité... "Plusieurs facteurs incitent néanmoins à penser que la demande en maïs va baisser, faisant pression sur les prix", poursuit l'analyste.
En parallèle, les coûts de productions explosent. L'AGPM prévoit une hausse de 20 % par rapport à 2021. "Les entreprises agricoles ne bénéficient pas d'une protection comme les particuliers. Les impacts sont très variables selon les fermes, les régions, les équipements, etc.", indique Arthur Boy, qui alerte sur le risque d'effet ciseau pour la prochaine campagne.