Si la présence du datura est bien connue dans le Sud-Ouest, elle l’est aussi de plus en plus dans le reste du territoire, explique Sylvie Nicolier, ingénieure régionale chez Arvalis. Cette plante peut fortement concurrencer la culture infestée et causer des intoxications (1) chez les animaux ou chez l’Homme, si elle est récoltée avec la culture en place.

 

Arvalis-Institut du végétal a lancé une enquête nationale pour caractériser sa présence sur le territoire français et aider à la maîtriser. Les agriculteurs, techniciens et autres professionnels concernés par le problème sont invités à y répondre.

Un questionnaire pour améliorer le conseil aux agriculteurs

L’enquête se présente sous la forme d’un questionnaire, en ligne depuis environ une semaine. Il sera disponible au moins jusqu’à la fin du mois de novembre, a signalé Sylvie Nicolier. Les objectifs sont multiples : étudier la répartition géographique de la plante, les cultures les plus concernées, ou encore mieux identifier les facteurs de risque et l’impact des pratiques culturales pour améliorer le conseil auprès des agriculteurs.

 

Les questions concernent aussi bien les rotations pratiquées sur l’exploitation, que le type de sol, les couverts, ou encore les pratiques de récolte et de désherbage. Une partie est spécialement affectée à l’itinéraire technique du maïs et au matériel utilisé.

Une plante toxique, invasive qui cause une perte de rendement

Le caractère invasif de cette plante peut fortement impacter les rendements. Les graines se conservent longtemps, et il est difficile d’en épuiser le stock dans le sol. Cette plante d’été commence généralement sa levée en mai, mais elle a également la capacité de se développer de manière très échelonnée : Dans les intercultures, comme en fin de colza ou de céréale à paille par exemple, ou encore jusqu’au mois de septembre si les températures sont douces, explique l’ingénieure.

 

La toxicité du datura, due à la présence d’alcaloïdes dans les graines et dans l’appareil végétatif, est elle aussi fortement problématique. Elle présente un risque d’intoxication en alimentation animale ou humaine. C’est pourquoi il existe des réglementations sévères sur la teneur en grain de datura dans le produit récolté.

Des graines disséminées par le matériel agricole

Le matériel de récolte et de travail du sol représente un important vecteur de dissémination des graines, explique Sylvie Nicolier. En passant d’une parcelle à l’autre, les machines, souvent très difficiles à nettoyer, permettent au datura de se propager. C’est pourquoi une attention toute particulière est portée sur les pratiques de récolte.

 

Arvalis organisera une restitution de cette enquête et espère obtenir un nombre de réponses suffisamment important. Depuis le 16 octobre 2020, trois cents questionnaires ont été remplis en quatre jours seulement, a signalé Sylvie Nicolier.

 

 

(1) Les alcaloïdes contenus dans le datura peuvent engendrer « une dilatation de la pupille et des troubles de l’accommodation ; de la tachycardie, vasodilatation, etc. ; une agitation, confusion, hallucinations… », explique le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.