Dans une série de 17 études publiées le 7 septembre 2020 dans la revue Philosophical Transactions B, plus de 200 chercheurs membres de l’Icos (1) ont étudié la manière dont la végétation européenne a réagi aux conditions météorologiques extrêmes de 2018. « Plusieurs études montrent que la sécheressedes sols a été encore plus néfaste pour les plantes que les hautes températures ou l’humidité de l’air par exemple », explique Ana Bastos, scientifique à l’institut Max Planck (Allemagne), citée dans un communiqué de l’Icos.
Des sécheresses plus fréquentes
« Jamais une sécheresse extrême n’avait frappé l’Europe sur une aussi grande superficie qu’à l’été 2018 », souligne l’Icos, avant de rappeler que plusieurs pays ont déploré de mauvaises récoltes. Si les cultures ont profité du temps chaud et ensoleillé du printemps, elles ont ensuite souffert du manque d’eau durant la canicule estivale. Les chercheurs se sont intéressés à neuf cultures :
- le blé,
- l’orge,
- la betterave à sucre,
- l’avoine,
- le triticale,
- le colza,
- le seigle,
- le maïs,
- la pomme de terre.
« Ces résultats sont importants, car il est probable que la fréquence de ces grandes sécheresses augmente considérablement à l’avenir », indique l’Icos.
Baisse dans l’Est et le Nord, hausse dans le Sud
L’une des études met l’accent sur des disparités au sein de l’Union : alors que l’Europe du Nord et de l’Est a largement souffert de la météo, des hausses de rendements ont été constatées dans le sud de l’Union européenne, grâce à une pluviométrie favorable au printemps. Cela a « presque compensé la forte baisse de la production agricole du nord de l’Europe », indique l’étude. Finalement, l’année 2018 est caractérisée à la fois par des hausses et des baisses extrêmes des rendements.

Cette étude souligne également des disparités à plus petite échelle : « Par exemple, la France a connu de faibles rendements de blé dans le sud et l’ouest du pays, mais des rendements plus élevés que prévu dans la partie nord. »
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Prairies et forêts aussi touchées
« Avec la sécheresse, les prairies ont “bruni”, entraînant des pénuries de foin pour le bétail », ajoute également l’Icos. Par ailleurs, une autre étude indique que « les puits de carbone ont baissé de 18 % », indique l’Icos. Il explique que, pour se protéger, les forêts ont réduit leur croissance, ce qui a entraîné une baisse de l’absorption de dioxyde de carbone. Un point positif toutefois : les tourbières réhumidifiées semblent avoir mieux survécu, notamment grâce à la croissance de nouvelles plantes.
(1) Système intégré d’observation du carbone : une infrastructure de recherche qui rassemble les plus grands instituts de recherche et universités d’Europe.