La pression des éleveurs a porté ses fruits puisque les discussions avec les dirigeants de La Prospérité Fermière leur laissent espérer un prix équivalent à 305 €/1 000 l, 50 € en plus des 205 € sous forme de prix, et 50 € sous forme de résultat de la coopérative rétrocédé au 15 janvier 2017. C’est a priori la solution qui sera discutée en conseil d’administration le 21 novembre prochain. Les manifestants ont levé leurs barrages filtrants devant l’usine de Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais) ce mardi 8 novembre vers 16h30.
Une négociation en deux temps
La Prospérité Fermière avait fixé au début d’octobre à 205 €/1 000 l, le prix d’acompte du lait payé aux adhérents pour le mois de décembre 2016, contre 260 € en novembre et 310 € en janvier 2017. Face à la réaction des éleveurs, la coopérative a d’abord proposé en complément, une avance de trésorerie de 100 €/1 000 l, que les agriculteurs devraient rembourser plus tard. Un geste qui n’a pas été suffisant aux yeux des adhérents.
La coopérative, qui produit beaucoup de poudre de lait, a fixé ce prix en fonction d’un calcul qu’elle utilise depuis longtemps et qui fixe la moyenne annuelle à 270 €/1 000 l pour 2016. Compte tenu des acomptes déjà versés, le prix de décembre devait être de 205 € pour atteindre cette moyenne. « Nous demandons un prix de 305 €/1 000 l, réplique Serge Capron, président d’ADPL, association départementale des producteurs de lait du Pas-de-Calais. Ce qui ramènerait la moyenne pour l’année à 278-279 €/1 000 l et nous rapprocherait des 280 € à 305 €/1 000 l des laiteries environnantes. Il faut souligner que notre prix d’équilibre se situe plutôt autour de 340 €/1 000 l. »
Les 205 €/1 000 l abandonnés
Pour se faire entendre, l’ADPL a organisé à partir du lundi 7 novembre au matin, un blocage filtrant de l’usine à Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais). Elle a mobilisé plus de 300 éleveurs, alors que se tenait une réunion de la commission mixte de La Prospérité Fermière. Au cours de la journée, le conseil d’administration de la coopérative, présidé par Gilles Desgrousilliers, a décidé d’abandonner le prix de 205 €, et a reporté la fixation du prix de décembre, à son prochain conseil d’administration, le 21 novembre. « Estimant qu’en ne fixant pas de prix d’acompte pour décembre dès à présent, nous allions être roulés dans la farine, nous avons décidé de poursuivre le blocage filtrant de l’usine », indique le président de l’ADPL.
Un camion de lait britannique repoussé
Les manifestants sont restés pendant la nuit de lundi à mardi sur le site. Ils n’ont laissé entrer et sortir que les camions qui collectent du lait auprès des adhérents de la coopérative. « Lundi soir, un camion de lait immatriculé en Grande-Bretagne a voulu entrer dans l’usine, précise Serge Capron. Nous lui avons demandé de faire demi-tour. Ce qui nous gêne le plus dans ce bras de fer, c’est que La Prospérité Fermière est une coopérative. On a l’impression que les membres du conseil d’administration que nous avons pourtant élus, ne comprennent pas le désarroi des éleveurs. L’enjeu pour la coopérative est de 3 millions d’euros (M€) alors qu’elle dispose de 30 M€ de réserve placée. L’enjeu pour l’équilibre des exploitations laitières de la région est bien plus important. »
Dans cette opération, l’ADPL a reçu l’appui de la FDSEA du Pas-de-Calais « qui souhaite qu’un terrain d’entente soit trouvé rapidement avec la coopérative pour ne pas pénaliser l’entreprise », indique son président Pierre Hannebique. La France Agricole a tenté en vain de contacter les dirigeants de la coopérative.