Ce 18 novembre 2025, à 13 heures, une vingtaine d'agriculteurs et trois tracteurs bloquent l'accès d'une ferme sur la commune d'Auvernaux, en Essonne, où le service régional de l'alimentation (Sral) de la Driaaf de l’Île-de-France devait procéder à un contrôle phytosanitaire. Deux actions de ce type ont été organisées par la FDSEA et les JA de l’Île-de-France ce jour. Les premières en France pour dénoncer la crise actuelle.

Un autre blocage est prévu le 19 novembre toujours en Essonne, et cinq autres dans les Yvelines les prochains jours. « L'agriculteur a accepté le contrôle qui avait été annoncé par le Sral, et ne risque donc rien, tient à préciser Frédéric Arnoult, secrétaire général de la FDSEA Île-de-France. C'est le syndicat qui bloque l'accès de l'exploitation. Mais le contrôle en lui-même n'est pas le sujet. A travers ces actions, on veut mettre la pression à l'administration pour que l’État prenne des positions claires sur quatre sujets intenables pour les agriculteurs. »

Mercosur, taxe sur les engrais, Pac et loi Duplomb

Le premier d'entre-eux : le Mercosur. « Quelles que soient les clauses, on demande à l’État d'être ferme et de refuser cet accord », insiste Frédéric Arnoult. Deuxième réclamation du syndicat : la sortie des engrais agricoles du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF). « Cette taxe, applicable au 1er janvier 2026, augmenterait de 140 € la tonne le prix des engrais, et la hausse atteindrait 415 €/tonne d’ici à dix ans. Ce n'est pas tenable. » La troisième revendication concerne « la baisse annoncée de plus de 20 % du budget de la Pac. Les marchés agricoles sont tels que malheureusement sans la Pac, on ne vit pas », rappelle le secrétaire général. Enfin, le syndicat réclame « le retour de l'acétamipride dans la loi Duplomb et la sortie des décrets d'application au plus vite ».

Pertes de 100 € par hectare

« En prenant en compte uniquement la taxe carbone sur les engrais et la baisse du budget de la Pac, on estime la perte de revenu à 100 €/ha, soit 20 000 € pour une exploitation de 200 hectares, compte Frédéric Arnoult. C'est intolérable. Nous sommes déjà tous à l'agonie. » Ayant été prévenu du blocage, le contrôleur ne s'est finalement pas présenté devant l'exploitation essonnienne.

« Le Sral nous a informé de l'ajournement du contrôle, explique Frédéric Arnoult, mais dans dix ou quinze jours, on reviendra. Ce qu'on veut, c'est une annulation du contrôle et surtout, des réponses concrètes du gouvernement à nos revendications. » Guillaume Moret, président de la FDSEA Île-de-France, craint également le « risque psychologique » pour les agriculteurs : « Si notre mission est la défense de l'activité agricole de nos adhérents, elle est aussi de préserver leur santé psychologique mise à mal par trois années de difficultés financières. Notre opposition aux contrôles est un cri d'alarme auprès des pouvoirs publics qui semblent ignorer les réalités vécues dans les cours de ferme. »

Effet boule de neige 

Si cette action est la première en France, « l'idée est qu'elle fasse boule de neige dans le reste du territoire », souligne Frédéric Arnoult. Le Loir-et-Cher a déjà annoncé une mobilisation le 19 novembre pour bloquer les contrôles dans le département. Dans un mois, le 18 décembre, une mobilisation syndicale de grande ampleur est prévue à Bruxelles, la veille du vote sur le traité du Mercosur.

(1) Direction régionale et interdépartementale de l'alimentation, l'agriculture et la forêt.