Prévu dès 2021 par la feuille de route de prévention du mal-être agricole, le fonds Area (ex-Agridiff), servant aux exploitations agricoles en difficulté, n’est utilisé qu’à hauteur de 15 %. Pourtant, les manifestations de l’hiver 2024 ont montré toute l’actualité de la question.

Mais, Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, a dévoilé que les 7 millions d’euros annuels budgétés n’ont été utilisés en réalité qu’à hauteur d’un million d’euros. « Ça montre bien qu’il y a un problème. Quand un outil n’est pas le bon, il faut le revoir », commente-t-il, en ouverture de la troisième journée sur la prévention du mal-être en agriculture le 18 juin 2024 à Paris. « On a besoin d’en améliorer l’accès », confirme Sébastien Windsor, président de Chambre d’agriculture France.

« Deux ans pour une subvention »

Sur le terrain, les témoignages vont dans le même sens. « Je n’arrive pas à m’en servir », admet Joël Lorillou, chef de service de structure et contrôle de gestion de la chambre d’agriculture de l’Indre-et-Loire. « Deux ans pour sortir une subvention alors que les entrepreneurs sont à bout, c’est incroyable ! », ajoute Henri Jouve, président de la MSA Ardèche Drôme Loire.

Ce n’est pas faute de le proposer aux agriculteurs qui en ont besoin : 81 % des structures d’accompagnement Réagir proposent un recours à l’Area mais, au final, c’est le plus petit financement activé, chiffre Zoé Cancan, chargée de mission pour le conseil aux entreprises pour Chambre d’agriculture France. « Area, dans sa configuration actuelle, ce n’est pas possible », tranche Luc Smessaert, agriculteur et vice-président de la FNSEA.

Sujet transversal

D’après plusieurs sources, le ministère de l’Agriculture aurait déjà formulé une proposition de simplification du dispositif Area. Mais les incertitudes politiques résultant de la dissolution de l’Assemblée nationale font naître des doutes dans la tête des acteurs du dossier quant à la publication du nouveau dispositif avant la fin des élections législatives.

« J’espère que ce sujet est suffisamment transversal pour ne pas être partisan », répond Olivier Damaisin, coordinateur interministériel du plan de prévention du mal-être en agriculture. Lui-même a tenu à la mi-juin une réunion interministérielle où la question de la révision du plan de lutte pour les cinq prochaines années a été posée.

5 089 sentinelles

À l’occasion de cette journée qui portait sur l’intérêt du collectif pour prévenir le mal-être, un décompte a été arrêté par la MSA : à la fin de 2023, 5 089 personnes ont été formées dans le dispositif Sentinelles, qui se donne pour objectif de repérer de manière précoce les agriculteurs en situation de mal-être.