Loïc Brunat gère une exploitation au sud de Périgueux, avec son frère Maxime en polyculture-élevage depuis 2014. Ils élèvent des bovins, une vingtaine de cochons de plein air, 200 brebis pour une production d’agneaux. Ils ont un atelier de canards prêts à gaver de 800 têtes par an, qui sont découpés et transformés en conserves.

Les trois quarts de leurs productions sont en vente directe, les 80 broutards sont en filière longue. Les 170 ha de SAU sont constitués principalement par des prairies et un peu de légumineuses. « Nous avons diminué l’atelier des canards, pour des questions de main-d’œuvre, et par conséquent la vente directe. En contrepartie, nous avons augmenté la partie relative à l'élevage de bovins où l’on travaille sur un système extensif en plein air. Lorsqu’on a décidé ces changements d’orientation, on n’a pas vu de grands changements, mais on a gagné un peu plus de temps libre pour nos familles », explique Loïc.

Baisse des aides Pac

Le jeune agriculteur a participé aux récentes manifestations et il sait que 2024 s’annonce compliquée.  « La situation s’est fortement dégradée sur les deux dernières années. Sur un an, nous avons enregistré une forte augmentation de nos frais sanitaires. Sur notre atelier bovin, on perd 4 800 euros. Notre cheptel ovin a été touché par la FCO, ce qui a occasionné une perte de productivité. On a perdu une vingtaine d’agneaux que normalement on valorise en vente directe, cela génère environ 4 000 euros de pertes. Nous subissons comme d’autres exploitations une baisse des aides Pac. Au total, j’ai fait mes comptes : cela fait une baisse de 15 500 euros sur un an. »

Sur la même période, les deux associés ont subi une forte augmentation des charges sur l’aliment, le carburant. « Ils n’ont pas pu les répercuter à leurs clients par une augmentation de tarifs. Les deux associés ont déclaré chacun en 2023, 11 000 euros de revenus. Ils ont expliqué à Jean-Sébastien Lamontagne, le préfet de la Dordogne en visite sur leur ferme, qu’ils ne s’en sortaient plus et doutent de leur avenir. Le représentant de l’État est là pour expliquer les mesures du Premier ministre avec la nouvelle loi Egalim annoncée ce mercredi 21 février 2024.

« Une part de notre production, notamment les broutards, pourrait faire l’objet d’une contractualisation, car nous travaillons avec un négociant. Il y a des semaines où nous parvenons à négocier au kilo, mais la plupart du temps, c’est à la bête. Nous sommes très loin de la loi Egalim », observe Loïc. Les réponses du préfet laissent sceptiques Loïc, qui rappelle qu’on en est déjà à la quatrième version de cette loi censée protéger les producteurs.