« Les producteurs de pomme de terre en non-labour qui souhaitent préserver leur sol ont tendance à vouloir maximiser l’interculture, en la semant au plus proche de la moisson, et parfois avec des techniques innovantes comme le prébuttage », constate Solène Garson, animatrice de la filière pomme de terre chez Arvalis.

C’est ce qui a motivé l’institut à mettre en place un essai d’intercultures avant l’implantation de pommes de terre, avec différents couverts, techniques de semis et dates de destruction. Une modalité en sol nu est comparée à un couvert de moutarde dit « économique », et un couvert composé d’un mélange de radis, phacélie et vesce, dit « agronomique ».

Prébuttage à l’automne

Les couverts sont semés à plat ou avec des prébuttages dans le cas du couvert agronomique. Cette technique innovante consiste à préformer des buttes à l’automne et, en mars avril, à ne pas retravailler le sol avant la plantation des pommes de terre. « Certains producteurs mettent en place cette technique dans l’objectif de faire un semis direct comme ce qui peut se faire en betterave, c’est-à-dire en semant directement dans des résidus », indique l’ingénieure.

Les couverts sont détruits à l’automne ou au printemps. « L’objectif est d’étudier l’impact sur la culture suivante d’une destruction tardive par rapport à une élimination précoce et plus particulièrement sur la dynamique de l’eau, explique Solène Garson. Le couvert a besoin d’eau pour se développer, mais il peut aussi permettre une meilleure structure du sol, et donc peut-être une meilleure rétention en eau. » L’humidité du sol a été mesurée à l’aide de sondes dans les couverts et également dans la culture suivante de pomme de terre.

L’essai a commencé en 2024, mais l’année a été trop pluvieuse pour observer des résultats. En 2025, l’année a été « plus compliquée » au niveau hydrique. « Il a fallu irriguer quand on a planté la pomme de terre », explique Solène Garson. Le type de couvert a peu influé sur l’humidité du sol. Seule la modalité en prébuttage a différé des autres : l’humidité y est plus faible sur les 30 premiers centimètres, avec un meilleur ressuyage, et une meilleure vitesse d’entrée dans les parcelles à l’implantation.

Buttes grossières

La résistance à la pénétration a ensuite été mesurée pour chaque modalité, un mois après l’implantation de la pomme de terre. « C’est une culture très sensible au tassement. L’objectif est de voir si dans les systèmes avec couverts, le sol est mieux structuré », explique Solène Garson. La résistance était la plus faible dans la modalité avec les prébuttes, et ce jusqu’à 60 centimètres de profondeur.

Pour avoir suffisamment de terre pour former les prébuttes en août, plusieurs décompactages ont été nécessaires. Cela pourrait, entre autres, expliquer la meilleure exploration racinaire de la pomme de terre dans cette modalité. « Avec cette technique, on constate que la structure est bonne, mais pas suffisamment affinée, indique Solène Garson. L’idée est de ne pas retoucher la terre avant l’implantation des pommes de terre, mais on se rend compte qu’on est quand même obligé car on se retrouve avec des buttes assez grossières, ce qui n’est pas idéal pour la pomme de terre. La plante ne remplace pas les machines. »