Cet automne, Bernard Etcheveste, agriculteur à Denguin dans les Pyrénées-Atlantiques a fait implanter 15 hectares de couverts hivernaux par une société spécialisée dans le travail aérien en hélicoptère (Giragri, en Charente-Maritime). Cette prestation lui a été proposée par sa coopérative. L’agriculteur n’a pratiquement rien à faire. « Un mois avant la récolte, j’ai simplement communiqué les surfaces et les données cadastrales des parcelles à semer », résume Bernard Etcheveste. La coop se charge du reste. « Pour éviter que les graines germent et s’étiolent, le semis est réalisé maximum dix jours avant la récolte du maïs, précise Jean-Pascal Lalanne, responsable agronomique d’Euralis. Par la suite, les semences se retrouvent enfouies sous les débris de récolte et germent sans problème. »
implanter à temps
L’hélicoptère sème en moyenne un hectare par minute. « Cela ne me coûte pas plus cher qu’un semis conventionnel, assure Bernard. Car j’économise trois passages d’outils et je gagne du temps, environ 16 heures de tracteur pour ces 15 hectares. » L’agriculteur a le choix entre un semis de navette ou un mélange avoine, vesce et trèfle (AVT). C’est ce dernier que Bernard Etcheveste préfère, afin de « bénéficier de l’effet engrais vert ».
Et Jean-Pascal Lalanne de préciser : « Pour des questions de logistique et de coût, il n’était pas possible que chaque agriculteur amène son sac de semences. Avant de proposer cette prestation, nous avons réalisé un screening de plus de 80 espèces de couverts et choisi des variétés adaptées à des semis de fin octobre. Au départ, nous souhaitions résoudre le problème des agriculteurs qui, en récoltant leur maïs fin octobre, ratent souvent leurs couverts. » En novembre, le climat est peu propice aux semis, la production végétale est ralentie et le couvert (broyé en mars) perd de son intérêt agronomique.
Avant de recourir à l’hélicoptère, la coopérative a essayé d’autres options. La solution du semis avant la récolte a été envisagée. Mais les essais de semis sous maïs au stade 8-10 feuilles se sont révélés peu concluants. « Nous avons abandonné à cause du risque d’herbicides résiduaires, d’une part et de la concurrence entre les deux cultures, d’autre part », explique Jean-Pascal Lalanne.
Une autre tentative consistait à réaliser un semis sur un maïs plus avancé avec un système de pendillards monté sur un enjambeur… « C’était compliqué, poursuit le responsable. Il nous restait la solution de l’hélicoptère… Après tout, le principe existe déjà aux États-Unis. » Le voilà concrétisé dans le sud-ouest de la France : en 2015, la coop a servi sa prestation sur 600 hectares chez une vingtaine d’agriculteurs et l’a confirmée en 2016 sur 750 hectares.