« Qui aurait dit que la fin de 2022, le prix du lait toutes primes et qualités confondues aurait atteint plus de 500 € les 1 000 litres », s’interroge Pascal Le Brun, président de La Coopération laitière, lors d’un entretien avec la presse au Salon de l’agriculture le 1er mars 2023, à Paris. Pour celui qui est aussi le vice-président d’Agrial, « le prix du lait moyen devrait être supérieur à 2022 cette année. »
Sur le volume valorisé sur le marché français (environ 60 % de la collecte), Pascal Le Brun espère une valorisation moyenne d’au moins 470 € les1 000 litres en prix de base en 2023. Alors que les négociations commerciales entre industriels et distributeurs sur les marques nationales touchent à leur fin, les coopératives laitières visent des hausses de prix de l’ordre de 15 à 20 %.
« Les marques de distributeur sont vitales »
L’objectif est du même ordre pour les produits laitiers vendus sous marques de distributeur (MDD). Ils représentent près d’un quart des débouchés du lait collecté par les coopératives laitières. « Les MDD sont vitales, souligne Pascal Le Brun. Si ces hausses de prix ne sont pas acceptées, il faudra s’attendre à avoir une offre de produits laitiers moins abondante dans les linéaires. »
Quant aux 40 % de la collecte laitière exportés, les coopératives sont dans l’expectative. « Les marchés internationaux se sont retournés ces derniers mois, indique le président de la Coopération laitière. L’offre a été plus abondante fin 2022. Mais la collecte devrait continuer de ralentir au sein de gros bassins de production comme la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas voire l’Irlande. On espère aussi que la Chine reviendra aux achats ».
« Prévisions pas rassurantes » en bio
Sur lait bio, « les prévisions ne sont pas rassurantes, confie Pascal Le Brun. Il faut trouver un juste équilibre entre des hausses de prix nécessaires pour rémunérer les producteurs, mais qui ne doivent pas dissuader le consommateur ». L’an passé, près de 30 % du lait bio a été déclassé au sein des coopératives laitières : « Aujourd’hui, 1,3 milliard de litres de lait bio sont collectés en France, alors que le marché ne peut en absorber qu’un milliard. »
Et même si le marché du lait conventionnel se porte mieux, les coopératives se heurtent au difficile renouvellement des générations : « On installe 750 jeunes par an, essentiellement en reprise d’un coopérateur déjà existant. Ce n’est pas suffisant pour compenser les départs. » Jusqu’alors, les volumes « libérés » étaient redistribués. « Mais depuis l’an passé, nous arrivons à un point de rupture. »