Entre du blé américain en moins bon état qu’attendu et les épisodes météo, les cours de la céréale ont pris de la vitesse ces derniers jours, de part et d’autre de l’Atlantique, entraînant dans leur sillage ceux du maïs et du soja. « Autant sur Euronext que sur Chicago, […] on observe un rebond marqué sur le blé », commente Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France. Selon lui, les opérateurs spéculatifs qui ont parié à la baisse se couvrent désormais contre une hausse en rachetant sur le marché.
« Conditions du blé »
« Il y a eu un catalyseur très clair » derrière cette hausse, « à savoir le chiffre des conditions du blé d’hiver aux États-Unis, qui était attendu stable », précise Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage. Désormais, 44 % du blé d’hiver est dans un état considéré comme « bon », contre 46 % la semaine passée, et 30 % comme « passable » contre 28 %, selon un rapport du ministère américain de l’Agriculture (USDA) publié lundi.
Cette variation, qui peut sembler peu importante, a été l’élément déclencheur du rebond des prix du blé, avancent les analystes interrogés par l’AFP. Les acteurs du marché portent « peut-être aussi une plus grande considération aux […] problèmes climatiques qui apparaissent ici ou là », envisage Sébastien Poncelet.
En Chine, la province du Henan, l’une des principale zone de production de blé dans le pays, est actuellement touchée par une canicule. Du côté de la Russie, plusieurs gouvernements régionaux ont déclaré « l’état d’urgence faisant suite à des dégâts causés par le gel sur certaines cultures », note Sébastien Poncelet.
« Tous ces éléments qui étaient un peu en arrière-plan sont cités pour expliquer ce réveil du marché », ajoute l’analyste. Ce dernier rappelle toutefois que « la grande photo » montre que les conditions des blés restent globalement « très bonnes » dans « l’hémisphère Nord ».
Lundi prochain étant un jour férié aux États-Unis (Memorial Day), les marchés américains seront fermés, dont la Bourse de Chicago. Aussi, « avant un long week-end, les opérateurs […] clôturent des positions », ce qui les « incite aussi à racheter », décrypte Damien Vercambre.
Inondations en Argentine
La récente hausse des cours du blé a poussé ceux du maïs et du soja. Mais ces deux céréales « restent pour le moment sur la touche en attendant de nouvelles informations », résume Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting. Selon l’analyste, leur retenue pourrait être, en partie, liée à l’arrivée de pluies dans les régions américaines de production de soja et de maïs « qui (en) avaient tant besoin dans leurs zones de sécheresse ».
Du côté du soja, les prix sont quelque peu soutenus par les récentes inondations provoquées par de fortes pluies dans le nord de l’Argentine. Ces dernières, quasi ininterrompues et équivalentes à près de cinq fois la normale locale en mai, ont fait déborder rivières et fossés, submergeant notamment des champs dans cette zone de pampa (plaine) sans relief.
« Nous n’avons pas encore une idée précise du nombre de pertes de récoltes que nous allons enregistrer », nuance toutefois Michael Zuzolo. Les opérateurs continuent aussi de surveiller les développements dans la guerre commerciale lancée tous azimuts par le président américain Donald Trump à l’encontre des partenaires commerciaux des États-Unis.
« Le marché était très optimiste […] lorsque l’accord mutuel entre les États-Unis et la Chine a été annoncé et lorsque le président Trump a déclaré qu’il allait négocier avec d’autres partenaires commerciaux », rappelle Dewey Strickler, analyste pour Ag Watch Market Advisors. Mais il n’a été fait état d’aucun avancement concret depuis, indique le spécialiste.