La cotation de l’agneau a poursuivi son ascension amorcée en février 2025. Avant Pâques, pendant la semaine du 14 au 18 avril, le prix moyen pondéré français fournit par FranceAgriMer a même dépassé 11 €/kg de carcasse, en s’établissant à 11,04 €/kg de carcasse, soit 0,12 €/kg net de plus que la semaine précédente et 1,48 €/kg net de plus qu’en 2024, lors de la semaine précédant la fête religieuse.
« La demande a été assez dynamique auprès des abatteurs français, explique Cassandre Matras de l’Institut de l’élevage. Or, compte tenu de la mortalité engendrée par la FCO au second semestre 2024, beaucoup s’attendaient à un franc repli de l’offre. La filière a toutefois su s’organiser pour fournir suffisamment de marchandise pour ce rendez-vous. » La bonne tenue des prix a stimulé les stratégies des exploitations après les lourdes pertes de l’automne dernier.

Au final, selon les données d’Ovinfos fournies par Interbev, le pic des abattages en semaine 15 (du 7 au 11 avril 2025) a même dépassé ceux des semaines équivalentes de 2023 et 2024. « Les volumes abattus ont en revanche plus fortement reculé après », observe Cassandre Matras.
Ce sursaut est très ponctuel, car selon Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, les abattages de viande ovine ont baissé de 8 % au cours des deux premiers mois de 2025 par rapport à 2024. Ils sont même inférieurs de 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années (2020-2024).
Il est encore un peu tôt pour mesurer le niveau de la consommation. La demande auprès de certains abatteurs du sud semble ralentir à la fin du mois d’avril, car les magasins n’avaient pas encore écoulé la totalité de leurs stocks « pascals ». Le pont du 1er mai annoncé ensoleillé pourrait contribuer à résorber ce reliquat.
Hausse des envois espagnols
Les importations de viande ovine pour les deux premiers mois de l’année ont continué de baisser. « Elles suivent la tendance observée en 2024 avec un recul des envois en provenance du Royaume-Uni et d’Irlande, ainsi que la hausse en provenance d’Espagne, ajoute l’experte. Les envois depuis la Nouvelle-Zélande baissent alors qu’ils avaient augmenté en 2024. » La hausse de nos importations espagnoles a même atteint 50 % sur les deux premiers mois de l’année par rapport à 2024. « Et elles pourraient se poursuivre car l’Espagne a récemment perdu une grosse livraison pour le Maroc à la suite de l’annulation de la fête du sacrifice », ajoute Cassandre Matras.

Résultat, des milliers d’agneaux vifs qui devaient quitter le pays en bateau ont probablement été abattus sur place, et viennent concurrencer nos marchés. « Comme le Maroc et l’Algérie ambitionnent de renforcer leur autonomie en augmentant leur production intérieure via l’achat de reproducteurs en Australie notamment tant que la loi le permet encore (2027), la marchandise ibérique pourrait continuer de s’écouler sur le marché européen », indique-t-elle.