« Les exportations françaises [de cuir] ont fortement progressé et de manière régulière. Entre 2019 et 2023, elles ont été multipliées par cinq vers la Chine et ont progressé de 78 % vers les États-Unis. Désormais, elles se stabilisent », contextualise Philippe Gilbert, directeur de l’Observatoire économique de l’Alliance France Cuir, lors d’une conférence de presse le 28 novembre 2024 à Paris. Ces deux pays représentent à eux seuls plus du quart des exportations, tous produits confondus, soit 14 % pour la Chine et 13 % pour les États-Unis. « Bien que les exportations se stabilisent, ils restent à des niveaux très élevés. Notre filière gagne des parts de marché grâce à l’attention portée à la qualité, ce qui nous vaut la place de quatrième exportateur mondial », se réjouit-il (lire l’encadré ci-contre).
Une économie chinoise en crise
Néanmoins, « la situation en Chine est extrêmement préoccupante ». Crise immobilière, taux de chômage élevé chez les jeunes, natalité en baisse et population vieillissante… À ce contexte s’ajoute une évolution des goûts. « Leurs achats se tournent davantage vers des expériences (voyage, gastronomie) que vers des biens matériels », analyse Philippe Gilbert. Nos exportations de maroquinerie ont reculé de 5 % sur les neuf premiers mois de 2024. « C’est une montée en gamme que nous observons cette année. Nous vendons moins de sacs, mais à des prix plus élevés. » La demande en chaussures françaises a par ailleurs progressé de 77 % en volume.
« Un luxe plus abordable »
La demande évolue également outre-Atlantique, bien que les élections présidentielles puissent modifier la trajectoire. « Nous ne savons pas exactement ce qu’il va se passer dans les prochains mois en termes de droits de douane », s’interroge Philippe Gilbert. Pourtant, les Américains restent friands de maroquinerie française sur les neuf premiers mois de l’année. « En volumes, nous avons exporté 44 % de sacs à main supplémentaires, mais à un prix nettement plus bas, en baisse de 29 % en moyenne. Une tendance d’achat de luxe à prix plus modéré se dessine. Ils vont vers un luxe plus abordable », souligne Philippe Gilbert. Du côté des chaussures, c’est l’inverse, les volumes envoyés ont reculé, pour un prix en douanes plus haut, à 266 euros par paire en moyenne.