C’est la dégringolade. Depuis le 25 juillet 2024, le prix de base au Marché du porc français (MPF) s'est effondré de 43,8 centimes, passant de 2,132 € à 1,694 €/kg lors de la cotation du 28 octobre. C’est le niveau le plus bas enregistré depuis avril 2022.
« Même si le cours allemand suit aussi une tendance baissière, le prix payé aux producteurs reste loin devant ce que nous connaissons actuellement en France, alors que les opérateurs d’outre-Rhin ne peuvent pas exporter vers la Chine », observe Pascal Le Duot, directeur du MPF et d’Uniporc. La cotation espagnole, qui « tend à se rapprocher des autres cours européens sur la fin de l’année », conserve également un net écart avec la référence française. Seul le porc danois, particulièrement exposé à la concurrence sur le grand export, est encore plus déconnecté.
« Retour au calme » sur le marché européen du porc (05/11/2024)
Le 19 septembre dernier, l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) regrettait que « le principal acteur de la filière porcine [française] ait instauré, depuis plusieurs semaines, une série de baisses de prix successives, plongeant la filière dans une spirale destructrice ». Pour sa part, Pascal Le Duot constate qu’« une course à la compétitivité s’est engagée depuis près de trois mois entre les abattoirs français ».

« Mutation de la production »
Alors qu’aucun sursaut de l’offre de porcs n’est à prévoir dans l’Hexagone (lire l’encadré ci-dessous), « nous sommes passés d’un marché très disputé sur le porc vif à une importante segmentation liée aux mâles entiers. C’est une réelle mutation de la production », analyse-t-il.
D’après le responsable, dans la zone Uniporc, qui explique 86 % des abattages français, la proportion de porcs mâles entiers est montée en flèche depuis l’entrée en vigueur de la réglementation sur la prise en charge de la douleur lors de la castration en janvier 2022. « De 25 % il y a deux ans et demi, elle atteint désormais 50 %. Cela progresse de 0,8 % par mois en moyenne. »
Or, tous les abatteurs français n’acceptent pas les mâles entiers sur leurs chaînes. Mais la Cooperl, qui est de loin le plus important d’entre eux, si. Résultat, les besoins de la coopérative, qui s’est retirée du MPF et pratique un prix du porc « maison », sont plus facilement couverts. Dès lors, la lutte entre industriels qui prévalait quelques mois plus tôt pour approvisionner leurs outils a changé de visage. La baisse du prix de base du porc au MPF en est la conséquence.
« Le marché est un réel thermomètre de la réalité du terrain », appuie Pascal Le Duot. De son côté, l’UGPVB estime que « cette politique de dévalorisation affecte directement les éleveurs, menaçant non seulement leur survie économique, mais aussi la pérennité de l’ensemble de la filière porcine. »

 
   

 
             
                 
                               
                                      
                                     
                                      
                                     
       
       
     
            