Si la production française de volailles de chair se stabilise en têtes en 2023, portée par celle de canards, elle ne permet pas de couvrir la hausse de la consommation. C’est le bilan contrasté que dresse Agreste, le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, dans une note de synthèse publiée au début de juillet 2024.

Hausse des abattages de poulets

Avec près de 864 millions de têtes en 2023, la production de volailles de chair reste proche de son niveau de 2022, avec +0,2 %. « La production de poulets, qui représente 90 % de la production totale avicole, ne baisse que très légèrement (–0,3 %), après avoir diminué de 2,3 % en moyenne entre 2018 et 2022 », détaille Agreste.

Cette légère baisse, accompagnée du recul plus marqué des productions de dindes (–3,9 % sur un an) et de pintades (–6 %), est néanmoins compensée par la progression de la production de canards. Cette dernière se redresse de 16,8 % sur un an, après plusieurs baisses liées à une succession d’épisodes d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).

En parallèle, les abattages de poulets de chair (hors poules de réforme) sont en hausse de 1,3 % entre 2022 et 2023 en poids, après avoir été quasi stables entre 2018 et 2022. Le poids moyen du poulet de chair s’établit à 1,56 kg (contre 1,43 kg en 2022) qui compense la baisse de 57 millions du nombre de poulets abattus.

L’écart entre l’offre et la demande se creuse

Sur la même période, la consommation française de viande de poulet progresse de 3,7 % en glissement annuel. « Elle devient la deuxième viande la plus consommée en France (28 %) après celle de porc (37 %) et devance désormais celle de viande bovine (moins de 26 %) », précise le ministère.

Chaque français a consommé en moyenne 23 kg de viande de poulet en 2023, soit 8 kg de plus qu’il y a dix ans. Les abattages de poulets couvrent actuellement 70,8 % de la consommation nationale, contre 103 % en 2013. « En dix ans, alors que la consommation augmente de 4,3 % en moyenne annuelle, les abattages progressent seulement de 0,5 % », souligne Agreste.

Dans ce contexte de consommation croissante, les importations de viande de poulet augmentent de 4,4 % en volume entre 2022 et 2023. La hausse était de 31,5 % entre 2020 et 2022. Résultat, un poulet sur deux consommés en France était importé en 2023. « La hausse de la part des importations dans la consommation s’observe depuis 25 ans, mais s’est accélérée depuis 2020 », observe le ministère. En valeur, les importations bondissent de 6,9 % sur un an, après 48,2 % en 2022 en raison de la forte hausse des prix à l’importation entre 2021 et 2022.

« Parmi les volumes importés, les Français privilégient les morceaux de volaille découpés (de type filets ou cuisses) et de préparations de viande : +21 % pour les découpes par rapport à la moyenne de 2018 à 2022 et +41,1 % pour les préparations. » Les importations de découpes de poulet progressent notamment en provenance de la Pologne (+50,3 % par rapport à la moyenne de 2018 à 2022) et de la Belgique (+30 %) qui deviennent les principaux fournisseurs de la France. Dans le même temps, les importations de préparations à base de poulet en provenance de Pologne ont quasi doublé en trois ans.

Des échanges de viande de poulet en berne

La France exporte de nouveau moins de viande de poulet en 2023 sur un an, avec –5 % en volume. Selon Agreste, ce repli prolonge celui observé entre 2021 et 2022. Avec 193 000 de tonnes-équivalents carcasse (tec), les ventes au sein de l’Union européenne, principal marché pour la France, se replient de 7,6 % sur un an, notamment vers l’Allemagne.

« Les exportations vers le Moyen-Orient reculent, quant à elles, de 5,7 % dans un contexte de forte concurrence internationale (notamment brésilienne) », indique Agreste. En valeur, les exportations enregistrent une hausse de 2,7 % sur un an, en lien avec l’augmentation des prix à l’exportation entre 2021 et 2022 qui ont plus que compensé le recul des volumes.

Bilan, le solde du commerce extérieur de viande de poulet se creuse un peu plus en 2023 (–469 000 tec). Le déficit avec l’Union européenne chute notamment (–536 000 tec, après 467 000 tec en 2022) sous le poids croissant des importations polonaises et belges. À l’inverse, l’excédent avec les pays tiers progresse de 67 000 tec (après +4 900 tec en 2022) en raison d’une baisse sensible des importations.

Enfin, le déficit se creuse également en valeur en 2023, avec –1,3 milliard d’euros et après avoir déjà atteint un niveau record en 2022 (–1,2 milliard d’euros).