Le début de l’année 2024 marque un tournant dans les dynamiques du marché des veaux laitiers. La cotation du veau mâle laitier de 45-50 kg atteignait 124 € au 12 mai, soit 34 € de plus qu’en 2022, et 21 € au-dessus de son niveau de 2023. Son augmentation de 17 € sur seulement quatre semaines n’est pourtant pas surprenante si l’on regarde quelques années en arrière.

Retour à la normale

« Nous retrouvons un schéma similaire à celui d’avant 2019, observe Maximin Bonnet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage (Idele). Une hausse des prix dès le mois de mai n’est pas inhabituelle. Ce sont plutôt les tendances des dernières années, avec des hausses retardées sur le mois de juillet, qui étaient surprenantes. »

La tension du marché au printemps s’explique : d’un côté, la demande est forte en raison des mises en place pour les abattages d’automne et de l’appétit espagnol pour les veaux français, de l’autre, les vêlages sont moins nombreux à cette période. Pour Olivier Van Ingelgem, secrétaire général du Syndicat de la vitellerie française, « cette année est particulièrement difficile pour nos adhérents. Au niveau des cotations, la pente est très raide cette année. »

La cotation du veau mâle laitier de 45-50 kg atteignait 124 € au 12 mai.

Manque de disponibilités accentué

La décapitalisation laisse des traces. « Le cheptel laitier baisse un peu moins, à –1,4 % au 1er avril, mais le disponible à engraisser continue de reculer », analyse Maximin Bonnet. En cumul sur les trois premiers mois de 2024, les naissances de veaux issus de mères laitières se sont stabilisées au même niveau que 2023, à 712 000 veaux.

En revanche, du côté des naissances de veaux disponibles pour l’engraissement (mâles laitiers et croisés, et femelles croisées), le recul « était plus fort que les naissances totales ». Elles se sont repliées de 1 % par rapport à 2023, pour s’établir à 428 000 têtes. Les éleveurs laitiers semblent garder davantage de génisses pour le renouvellement du troupeau, et avoir « moins recours au croisement », selon l’Idele.

les vêlages sont moins nombreux à cette période.

Du côté de l’engraissement, les mises en place françaises semblent reculer puisque, malgré la baisse de l’offre, les exportations restent très dynamiques (lire l’encadré ci-dessous). Pour Bertrand Bardet, directeur du marché de Bourg-en-Bresse (Ain), la baisse d’offre se ressent, bien que les intégrateurs trouvent preneurs en France. « Nous observons nettement moins d’offre sur notre marché. À l’engraissement, les intégrateurs ont de la demande, car ils travaillent majoritairement avec de petits volumes. »