« La hausse exceptionnelle des cours du veau de boucherie devrait permettre de clôturer l’année avec un bilan correct, même s’il aurait pu être bien meilleur », témoigne Sébastien Augé, responsable du pôle intégration-achat veaux chez Denkavit.
En semaine 50 (du 13 au 19 décembre 2021), la cotation du veau rosé clair O élevé en atelier atteint 6,55 €/kg de carcasse, soit 78 centimes de plus qu’en 2020. « La hausse est similaire pour la cotation du veau R qui a bondi de 19 centimes en quatre semaines, à 6,90 €/kg en semaine 48 (+ 8 %/2020 et + 9,5 %/2019) », rapporte l’Institut de l’élevage (Idele).
« Après deux années de crise dans le secteur, les intégrateurs ont géré les entrées en atelier d’engraissement avec prudence en 2021. Chez Denkavit, les mises en place ont reculé de deux à trois points sur les onze premiers mois en comparaison à 2019 et 2020 », calcule Sébastien Augé.
En face, « la réouverture de nombreux établissements de restauration collective et le retour d’une météo automnale propice à la consommation de veau » ont contribué à soutenir la demande depuis septembre, d’après l’Idele.
Peu de marges de manœuvre
Pour autant, cette nette progression des cours reste « insuffisante face à l’explosion du coût alimentaire et du prix du transport », déplore Olivier van Ingelgem, secrétaire général du Syndicat de la vitellerie française (SDVF). En semaine 47, « la cotation de la poudre de lactosérum doux s’élève à 1 100 €/t, un niveau jamais égalé ces dernières années (+ 51 %/2020 et + 39 %/2019) », complète l’Idele.
Le prix de la poudre maigre, tout comme l’Ipampa des autres aliments pour veaux, franchit aussi des records. « Les schémas alimentaires sont réinterrogés pour essayer de faire baisser le prix de revient mais les marges de manœuvre sont très étroites, reprend Olivier van Ingelgem.
Au premier trimestre 2022, les prix de revient seront encore plus élevés, avec l’inertie des durées d’engraissement. Pour éviter tout risque d’effet ciseaux, les mises en place devraient rester limitées à l’échelle de l’Hexagone. »
La hausse du prix des matières premières et de l’énergie n’a toutefois pas freiné les exportations de petits veaux laitiers français. Au troisième trimestre 2021, les envois vers l’Espagne ont progressé de 7 % par rapport à l’an passé. Les engraisseurs espagnols privilégient cette marchandise, « qui nécessite moins de mobilisations initiales de capital par rapport à des animaux plus âgés de type broutard », analyse l’Idele.
Sur le cadran de Lamballe (Côtes-d’Armor), « le dégagement vers l’export est de plus en plus poussif », note Désiré Gapaillard, responsable des ventes, qui recense 40 à 50 % des veaux laitiers et croisés vendus à l’étranger.