« Si les transformateurs français ont jusqu’ici privilégié l’approvisionnement du marché domestique aux dépens de l’export, ils risquent de manquer de matière première au second semestre, faute de stocks de produits de report », prévient l’Institut de l’élevage (Idele) dans une note de conjoncture publiée fin juillet.
La collecte française en retrait
Car la collecte française de lait de chèvre patine. Selon le service de la statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste), elle s’établissait à 217,4 millions de litres en cumul de janvier à mai 2021, en retrait de 0,6 % par rapport à 2020.
L’ampleur de ce recul a été atténuée par des conditions favorables à la pousse de l’herbe, après un début de printemps froid et sec. « La production cumulée des prairies est désormais proche de la normale, avec des excédents enregistrés dans les principaux bassins de production », précise l’Idele.
Selon l’institut, ces derniers restent toutefois pénalisés par la pyramide des âges des éleveurs. En avril, la collecte était en repli de près de 3 % en région Nouvelle-Aquitaine et de 6 % en Centre Val de Loire. D’après Agreste, fin mai, le prix du lait de chèvre à teneurs réelles s’affichait à 698 €/1 000 litres, en hausse de 37 € sur un an.
Baisse des importations…
En parallèle, les importations de produits de report caprins poursuivent leur baisse, entamée l’an passé. En cumul de janvier à avril 2021, elles chutent de 24 % par rapport à 2020. « Face au repli de 4 % de la collecte espagnole depuis le début de l’année, les disponibilités européennes sont devenues limitantes », explique l’Idele.
Évolution des stocks de produits de report caprins. © GFA
Avec 174 millions de litres fin avril, l’approvisionnement total des transformateurs a ainsi reculé de 3 % sur un an, « retombant au niveau équivalent à celui de 2019 ». À la même date, les stocks de produits de report s’élevaient à 4 200 tonnes, soit un niveau inférieur de 12 % à celui de 2020 et de 23 % sur la moyenne de 2015 à 2018.
… Comme des exportations
Dans ce contexte, les fabrications de produits laitiers caprins marquent logiquement le pas. De janvier à avril, celles de fromages de chèvre s’établissent à 31 500 t, en baisse de 2 % par rapport à 2020.
Les fabrications de fromages de chèvre et l’embouteillage de lait ont reculé en France. © GFA
« Et seulement 5 millions de litres de lait de chèvre ont été embouteillés, soit une baisse de 5 % d’une année sur l’autre », appuie l’Idele. Sur la même période, les fabrications de yaourts ont en revanche bondi de 13 %, ce qui « contraste avec la morosité de 2020 ».
Bien que les industriels soient parvenus à satisfaire la demande française, cela s’est fait au détriment des exportations. Ces dernières s’affichent à 7 300 t sur les quatre premiers mois de 2021, en retrait de 2 % par rapport à « une année 2020 déjà en net repli ».