En cumul sur juillet et août, les deux premiers mois de la campagne de commercialisation de 2025-2026, les ventes tricolores à l'exportation atteignent 2,5 millions de tonnes pour blé tendre (dont 1,3 million vers les pays tiers), en phase avec la moyenne quinquennale, 1,3 million de tonnes pour l’orge (dont 0,94 million vers les pays tiers), contre 1,2 million en moyenne quinquennale, et 0,9 million de tonnes pour le maïs, contre 0,5 million en moyenne quinquennale. Dans les trois cas, la situation est bien meilleure qu’en 2024-2025, comme l'a présenté Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur le marché français des céréales pour FranceAgriMer. Il intervenait lors de la conférence mensuelle sur les marchés céréaliers de son organisation, le 15 octobre 2025.
Le stock de blé français se regonfle
Vers les pays tiers, le Maroc est en tête des achats de blé tendre français, suivi par l’Afrique subsaharienne et quelques pays d’Asie. Le 7 octobre 2025, Intercéréales parlait d’une prévision d’exportation de 3,5 millions de tonnes vers le Maroc en 2025-2026, comme le rapportait Argus Media le lendemain. FranceAgriMer se montre un peu moins optimiste, tablant « plutôt aux alentours de 3 millions de tonnes », a chiffré Habasse Diagouraga. Ce dernier a tout de même fait état d’une bonne dynamique vers ce pays sur le début de la campagne. Vigilance en revanche sur les bons volumes de production attendus à la même date en Argentine, qui pourraient concurrencer « l’offre hexagonale sur les marchés du Maghreb, notamment au Maroc », relevait Argus Media le 9 octobre.
Dans ce contexte, FranceAgriMer maintient ses prévisions d’exportations vers les pays tiers annoncées en septembre, à 7,85 millions de tonnes, mais les rehausses de 4 % vers les membres de l’Union européenne, à 7,04 millions. « On a constaté […] des problèmes de logistique au centre de l’Europe, notamment en Hongrie, [et on pense] qu’il y aura un certain ralentissement des importations en provenance de l’Ukraine. On anticipe donc un report sur le blé français pour les Pays-Bas, l’Italie, l’Irlande et l’Espagne », a justifié Habasse Diagouraga.
Les utilisations domestiques restent, quant à elle, stables d’un mois sur l’autre, à l’exception du poste de la fabrication d’aliments du bétail, en hausse de 100 000 tonnes. Le stock final atteindrait 2,79 millions de tonnes, en baisse sur un mois, mais supérieur de 13 % à la campagne de 2024-2025. Au niveau européen, l’estimation du stock de fin de campagne grimpe de 42 % sur un mois, mais reste inférieure de 24 % à la moyenne quinquennale. Et au niveau mondial, malgré l’absence de rapport de l’USDA (ministère de l’Agriculture américain) en octobre, les perspectives de production restent bonnes avec un bilan a priori toujours lourd.
Demande portuaire dynamique pour l’orge
En orge, c’est la Chine qui tire les ventes françaises depuis le début de la campagne, avec près de 0,87 million de tonnes sur le 1,3 million exporté. Et plus globalement, « on observe une demande portuaire assez dynamique [notamment] vers les pays du Moyen-Orient et du Maghreb », relève Habasse Diagouraga. Ce qui a conduit FranceAgriMer à relever ses prévisions d’exportations d’orges vers les pays tiers sur 2025-2026, à 3 millions de tonnes contre 2,9 millions en septembre. Elles sont en revanche légèrement réduites vers l’Union européenne, et atteindraient désormais 2,68 millions.
Le stock final s'établirait à 1,94 million de tonnes, inférieur de 11 % à la projection de septembre, mais supérieur de 71 % à 2024-2025. À l’échelle européenne, le stock final s’alourdit de presque 26 % par rapport aux projections de septembre. Il serait ainsi 60 % plus élevé que la moyenne quinquennale, toujours selon FranceAgriMer.
Les ventes de maïs vers l’Europe sont rehaussées
Les exportations françaises de maïs ont, quant à elle, était rehaussées sur un mois vers les pays tiers (420 000 à 450 000 tonnes) comme vers les membres de l’Union européenne (4,2 à 4,5 millions de tonnes). « Les ventes sont relevées vers la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne et le Portugal en lien avec la baisse des flux ukrainiens », a expliqué Habasse Diagouraga.
Le stock final atteindrait alors 1,95 million de tonnes, contre 2,22 millions estimés en septembre et 2,20 millions en 2024-2025. En Europe, l’estimation du stock de fin de campagne se dégrade aussi, désormais inférieure de 33 % à la moyenne quinquennale. Mais au niveau mondial, le stock final pourrait repartir en hausse, notamment du fait des productions records attendues au Brésil et aux États-Unis, a fait remarquer Julie Garet, cheffe de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer.