Sous la pression vendeuse des fonds, les cours ont atteint de nouveaux plus bas cette semaine, notamment sur les marchés américains ainsi que sur les places financières de Chicago et Paris. Le récent rebond de l’euro face au dollar a également entraîné un réajustement des prix. Ce recul a rapproché les cours de zones de support et offert un léger rebond et cela même si l’activité à l’export reste limitée depuis la France.

Prix du blé reconduit en zone portuaire

Malgré les fortes variations observées sur les marchés du CME et d’Euronext, et les nouveaux plus bas atteints en séance mercredi 6 août 2025, les cours du blé rendu Rouen ont finalement peu évolué sur la semaine écoulée. Ces derniers se maintiennent autour de 200 €/t en base juillet. Les difficultés de chargement persistantes en mer Noire et dans les pays Baltes incitent certains acheteurs à se repositionner en faveur des origines françaises.

En France, la récolte se finalise désormais avec notamment l’avancée des moissons en Normandie. Compte tenu des résultats de récolte 2025, les qualités disponibles devraient répondre sans difficulté aux exigences des différents débouchés et aux attentes des acheteurs. Ce vendredi 8 août, le ministère de l’Agriculture a révisé à la hausse son estimation de la production de blé tendre, désormais évaluée à 33,1 millions de tonnes, se rapprochant ainsi du consensus des opérateurs et confortant ainsi des volumes disponibles importants.

Après une période pluvieuse peu propice à la progression des récoltes dans le nord de l’Europe, les conditions météorologiques semblent enfin s’améliorer, permettant une reprise des travaux de moisson. Les opérateurs suivront de près les qualités des blés récoltés dans les pays Baltes. Cette zone a en effet été fortement touchée par les précipitations au cours des deux dernières semaines.

À l’échelle internationale, la baisse des prix renforce la compétitivité des blés américains à l’export, soutenue par la faiblesse du dollar. Selon l’USDA (ministère américain de l’Agriculture), les ventes cumulées à l’export atteignent désormais plus de 7,8 millions de tonnes sur le seul mois de juillet, renouant ainsi avec les niveaux records de ceux observés en juillet 2020. En Europe et en France, la situation est bien différente. En effet, l’activité export reste limitée et cela malgré des prix des blés russes et ukrainiens qui évoluent peu et s’affichent légèrement au-dessus des prix des blés français.

Retour des chaleurs en France

Les conditions des cultures françaises de maïs, qui s’étaient récemment stabilisées, subissent désormais un nouvel épisode de fortes chaleurs dans les régions situées au sud de la Loire. Jusqu’à présent, FranceAgriMer tablait en moyenne sur 11 % des surfaces dans un état « mauvais à très mauvais » et rapportait des notes moins optimistes pour les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. La situation à l’est de l’Europe est également à surveiller, avec des chaleurs importantes.

Cette situation contraste fortement avec les excellentes conditions rapportées jusqu’à présent aux États-Unis sur les cultures de maïs où la période de floraison s’achève sur la Corn Belt. Les opérateurs américains réajustent d’ailleurs leurs estimations concernant le potentiel de rendement. Pour le moment, l’USDA communique toujours sur une estimation du rendement de 181,0 boisseaux/acre (environ 11,3 t/ha), niveau largement sous-estimé d’après un grand nombre d’analystes.

Par conséquent, le potentiel de production déjà annoncé comme record aux États-Unis pourrait augmenter à nouveau. Cette situation pousse ainsi les prix de la nouvelle récolte à enregistrer de nouveaux plus bas sur la semaine. Les prix au départ des États-Unis se rapprochent ainsi des plus bas depuis juin dernier. Un tel repli stimule fortement les ventes à l’export américaines.

Une baisse des prix est également observée en Europe sur la semaine écoulée, sans pour autant entraîner un retour des acheteurs sur la nouvelle récolte. Ces derniers sont en effet bien conscients des volumes importants disponibles tant en Amérique (États-Unis, Brésil) qu’en mer Noire.

Rebond du colza sur les zones de support

Le marché du colza a évolué au gré des mouvements de la parité euro/dollar et de l’évolution des prix du marché nord-américain. En France, les prix sont ainsi revenus se négocier autour de 470 €/t en équivalent FOB Moselle, avant d’afficher un léger rebond. Le mouvement de repli observé sur l’huile de colza, dont les prix reviennent se négocier proches des plus bas niveaux des derniers mois, pèse ainsi sur le prix de la graine de colza. À Rotterdam, l’huile de colza s’affiche désormais à 1 022 €/t, soit un niveau proche des plus bas négociés depuis octobre 2024.

Sur le plan de la production française, le ministère de l’Agriculture a révisé sans surprise à la hausse son estimation. La récolte nationale 2025 atteindrait 4,5 millions de tonnes de colza, intégrant les estimations finalisées des rendements depuis la récolte.

La forte variation de la parité euro/dollar observée sur la semaine a également pesé sur les prix du colza. L’appréciation hebdomadaire de l’euro face au dollar avoisine + 2 %, passant de 1,14 vendredi 1er août à plus de 1,16 désormais. À l’image des derniers mois, la fermeté de l’euro ne pénalise pas l’accès des importateurs européens, tant pour les graines que pour les huiles végétales, à des sources d’approvisionnement en provenance des pays tiers.

D’ailleurs, au Canada, les prix du canola montrent un mouvement assez similaire à celui du colza européen. L’orientation baissière des dernières semaines a ainsi poussé les cours à Winnipeg à revoir le canola se négocier sur ses points de support, niveaux équivalents aux plus bas de juin dernier. Sur un tel niveau, les prix ont marqué un léger rebond. Les nouvelles précipitations annoncées sur les plaines canadiennes rassurent également après l’épisode plus sec récent.

Le soja retrouve ses plus bas niveaux

Le mouvement de repli des tourteaux de soja s’est accentué cette semaine. À Montoir, les prix reviennent se négocier sur les plus bas niveaux historiques pour des livraisons en spot depuis l’été 2017. Quelques transactions se sont ainsi négociées à 300 €/t, testant un point de support historique. Ce repli s’explique par la configuration conjointe de la baisse du dollar face à l’euro et d’un nouveau recul des cours des tourteaux de soja aux États-Unis. Les prix des tourteaux de soja à la Bourse de Chicago enregistrent de nouveaux plus bas, tant en ancienne qu’en nouvelle campagne. Ce mouvement de recul amène sans surprise les prix des tourteaux de soja sud-américains à également s’ajuster à la baisse.

La forte activité de trituration de soja aux États-Unis, où les marges sont satisfaisantes en raison des prix actuels de l’huile de soja, favorise une hausse des disponibilités de tourteaux en cette période rapprochée. Fort de ces volumes disponibles, les volumes exportés depuis les États-Unis montrent d’ailleurs une nouvelle progression, avec des chiffres bien supérieurs à ceux des dernières années.

En Europe, malgré des prix en forte baisse, la demande ne montre pas encore un réel regain d’intérêt pour prolonger les couvertures, dans la perspective d’une production de soja toujours rassurante pour le moment aux États-Unis. De plus, les prix actuellement affichés pour des livraisons plus lointaines s’inscrivent à des niveaux supérieurs, ce qui semble également freiner le retour des acheteurs.

Le mouvement de baisse visible sur en soja s’observe aussi pour les tourteaux de colza, dont les prix atteignent de nouveaux plus bas pour des livraisons rapprochées. Les cours se rapprochent d’ailleurs, en équivalent départ Rouen, des plus bas niveaux depuis l’été 2020, sans pour autant susciter un fort engouement des acheteurs à l’heure actuelle.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : ajustement des positions des fonds sur les marchés financiers agricoles en ce mois d’août, accélération des ventes à l’export depuis les États-Unis, tout particulièrement en blé et maïs récolte 2026, justement des estimations de production par l’USDA dans son prochain rapport mensuel, nouvelle dégradation possible de l’état des cultures de printemps en Europe en raison du retour des fortes chaleurs, reprise des travaux de récolte dans le nord de l’Europe, évolution de la parité euro/dollar.