En ce début de juin, les échos venant de la plaine demeurent plutôt positifs. Le dernier rapport Céré’obs de FranceAgriMer publié le 6 juin 2025 montre ainsi qu’au 2 juin 2025, les conditions de cultures bonnes à très bonnes des céréales d’hiver étaient en moyenne meilleures que l’an passé à la même date. Elles atteignaient 69 % des surfaces pour le blé tendre, contre 64 % en 2024. Pour l’orge d’hiver, 64 %, contre 63 %. Et pour le blé dur, 73 %, contre 63 %.
Quelques cas de rouille
Sur la moitié nord de la France, les cultures ont certes pu souffrir du manque d’eau au printemps et ont parfois nécessité d’être irriguées. Mais finalement, avec le retour des pluies, seuls les sols sableux et les plus superficiels pourraient être touchés.
Ce climat a eu l’avantage de ne pas favoriser les maladies des céréales. Et dans les zones les plus arrosées, les traitements effectués ont souvent permis de bien gérer les pathogènes. On note malgré tout quelques problèmes ponctuels de rouille sur blé tendre qui ont parfois nécessité de repasser spécifiquement un fongicide.
Lorsque le climat a été sec, il a pu aussi empêcher la relevée de certaines adventices au printemps, d’autant qu’à l’automne il y avait eu une forte proportion d’herbicides appliqués. Toutefois, les infestations de ray-grass semblent gagner du terrain d’année en année, comme le confirment les services techniques d’organismes stockeurs du Poitou-Charentes ou des Pays de la Loire par exemple.
Dans la plupart des cas, les apports d’azote devraient pour leur part être efficients. Mais compte tenu des bons potentiels attendus par endroits, certains conseillers s’attendent à des teneurs en protéines plus basses. D’ailleurs, dans le Rhône-Alpes, des orges d’hiver ont versé, ce qui pourrait là aussi avoir un impact sur la qualité, compte tenu de la pluie tombée ces dernières semaines.
À moins d’un accident de dernière minute, on se dirige donc à cette date vers une année « normale » pour les céréales à paille d’hiver en termes de potentiel, et a priori meilleure qu’attendu… Ainsi, avec une année dans la moyenne à légèrement précoce, les premières moissons d’orges d’hiver devraient débuter d’ici à quelques jours.
Des orges de printemps hétérogènes
En revanche, FranceAgriMer annonce des conditions de culture bonnes à très bonnes pour 73 % de la sole d’orge de printemps, soit une baisse d’un point par rapport à l’an dernier. En effet, celles semées le plus précocement (notamment celles implantées à l’automne) semblent bien s’en sortir. Pour les autres, notamment les semis de mars, le potentiel pourrait être affecté par la sécheresse. Or, selon les derniers chiffres d’Agreste grandes cultures, la culture était déjà affectée par une baisse des surfaces de 7,2 % par rapport à l’année dernière.
Du côté des protéagineux d’hiver, les semis ont pu être compliqués cette année, et donc décalés. « Certains pois ont été installés jusqu’au 15 mars. En effet, ne nécessitant pas de vernalisation, il est possible de les implanter tard, mais leur potentiel risque d’être altéré », considère un conseiller de la Région Centre-Val de Loire. Ils sont malgré tout par endroits très beaux, comme en Picardie, « mais il y a peu de surface après la mauvaise campagne de 2024 et avec la concurrence de la pomme de terre ».
Selon les zones, les protéagineux de printemps n’ont pas toujours été semés dans des conditions idéales à cause de l’excès d’eau. Ils ont aussi pu en manquer comme cela a été le cas dans les Hauts-de-France. Et les sols trop tassés ont par endroits affecté la nodulation.
Quant aux lins textiles de printemps, la pluie est parfois arrivée trop tard pour leur permettre d’être suffisamment grands. En effet, il faut qu’ils atteignent 60 à 65 cm pour être récoltés. Une part relativement importante des surfaces ne pourra pas être arrachée.
Surfaces en baisse
Selon les dernières estimations d’Agreste grandes cultures, les surfaces de maïs et de tournesol accusent elles aussi un recul en 2025 : avec respectivement 1,48 million d’hectares, soit –7,6 % sur un an pour le maïs grain (y compris semences), 1,21 million d’hectares en maïs fourrage (–4,6 %) et 0,67 million d’hectares pour le tournesol (–10,7 %).
Dans l’ensemble, les travaux ont été réalisés dans de bonnes conditions et les cultures sont belles. Néanmoins, certains maïs et tournesols ont dû être resemés à cause d’inondations, de dégâts de limaces et/ou d’oiseaux. Quant aux désherbages, ils ont été réalisés ou sont en cours. Des symptômes de phytotoxicité sur maïs ont été ponctuellement observés après des précipitations, comme dans le Rhône-Alpes.
Les conditions climatiques semblent être propices à certains ravageurs comme les vers gris sur maïs, ou encore les pucerons observés parfois sur protéagineux de printemps, tournesol et couramment sur betteraves. « Les pucerons aiment les conditions sèches », rappelle la chambre d’agriculture de l’Aisne. En revanche, il est encore trop tôt pour avoir une idée de la potentielle transmission de jaunisse sur betterave et de son impact éventuel. À noter : la météo sèche a eu l’avantage de pouvoir biner une grande proportion de betteraves.
Si les potentiels des grandes cultures semblent donc pour le moment au rendez-vous, les agriculteurs restent malgré tout inquiets. Le blé étant tout juste à 200 €/t sur le marché à terme, il reste en effet sous les coûts de production.