Le prix du blé, en particulier, a gagné 0,62 % à la Bourse de Chicago entre le mercredi 12 mars et le mardi 18 mars. Pourquoi ? À cause des menaces de sécheresse en Europe de l’Est et aux États-Unis, marqués ces derniers jours par de spectaculaires tempêtes de poussière dans les plaines du centre et du sud du pays. Sur ces régions, le blé, à la sortie de l’hiver, est à une étape cruciale et a besoin d’eau.

Une légère augmentation des prix du blé

Sur Euronext aussi, les cours du blé ont augmenté légèrement, atteignant 225,00 euros la tonne mercredi. Quant au cours du cours du soja américain, il s’est lui maintenu (+0,10 %), résistant, malgré les bonnes récoltes latino-américaines. En revanche, le maïs a cédé 0,17 %, la récolte s’annonçant meilleure qu’attendu en Amérique du Sud, et notamment en Argentine.

Pour Arlan Suderman, analyste à StoneX Financial, « le maïs ne suit pas le blé à la hausse », car les acteurs attendent de connaître les surfaces de culture à venir aux États-Unis. « Il y a beaucoup d’inquiétude quant à l’ampleur des chiffres » que le ministère américain de l’Agriculture (USDA) doit publier le 31 mars 2025 sur les intentions des producteurs, assure-t-il.

Globalement, l’incertitude entourant l’imposition de droits de douane et les rétorsions possibles pèse sur les marchés, expliquant « les hausses limitées […] même sur le marché du blé, estime Arlan Suderman. Ces préoccupations douanières limitent la volonté des opérateurs spéculatifs de miser à la hausse à l’heure actuelle. »

Le marché revient aux fondamentaux

« Quand les nouvelles sont minimes sur le front des droits de douane, le marché revient aux fondamentaux de l’offre et de la demande, aux conditions météorologiques et à la demande d’exportation », résume Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting. Mais toute évolution concernant ces surtaxes « dominera les autres facteurs », ajoute-t-il.

Donald Trump a annoncé l’entrée en vigueur le 2 avril de droits de douane supplémentaires sur les marchandises de ses partenaires commerciaux, notamment leurs produits agricoles. « On est dans l’expectative de ce que Trump va proposer », souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage, relevant que les acteurs de marchés s’attendent à en savoir plus « dès la semaine prochaine ».

Pour les céréales, il faudra surtout surveiller les mesures de rétorsion, explique-t-il. Et d’ajouter que lors de la précédente guerre commerciale lancée en 2018 par Donald Trump contre la Chine, « les prix américains s’étaient cassé la figure », Pékin se tournant vers d’autres fournisseurs.

Des taxes à l’importation de maïs américain dans l’Union européenne

L’Union européenne, qui exporte peu de céréales aux États-Unis mais en importe, a déjà inscrit le soja et le maïs américains sur sa première liste de sanctions. Le maïs s’est d’ailleurs un peu raffermi cette semaine en Europe, « fort des annonces que l’Union européenne pourrait mettre en place des taxes à l’importation en maïs », remarque Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.

À ce stade, l’impact des mesures européennes n’est pas massif. Cela « permet avant tout de contenir, de stabiliser, après un fort mouvement de repli », constate Gautier Le Molgat.

Aux États-Unis, premier exportateur agricole mondial, les revenus de l’agriculture reposent à 60 % sur les ventes à l’étranger pour les céréales et à 50 % pour les oléagineux, essentiellement du soja. Les investisseurs attendent notamment de voir si une visite du dirigeant chinois Xi Jinping à Washington, évoquée par Trump, se confirme.

« Nous aurions alors de meilleures chances d’éviter une guerre commerciale avec notre principal partenaire agricole, la Chine », juge Michael Zuzolo. La Maison-Blanche a relevé à 20 % les droits de douane appliqués à tous les produits chinois entrant aux États-Unis. Pékin a répliqué en instaurant depuis le 10 mars jusqu’à 15 % de nouvelles taxes sur une série de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le poulet.