Les stocks de blé en Europe pourraient chuter à 11 millions de tonnes en juin prochain, selon l’USDA, soit l’un des niveaux les plus bas depuis vingt ans. En parallèle, la baisse de la parité entre l'euro et le dollar, descendue à 1,02 depuis novembre, favorise la compétitivité des origines européennes sur le marché international et contribue à redynamiser les exportations.

En effet, le concurrent russe a connu une première partie de campagne à l’exportation exceptionnelle. Pour stabiliser ses prix intérieurs, le gouvernement a toutefois décidé de limiter les flux d’exportation en imposant un quota de seulement 11 millions de tonnes entre le 15 février et le 30 juin 2025, contre 27 millions de tonnes sur la même période l’an dernier. Cette mesure a déjà provoqué une hausse des prix au départ des ports de la mer Noire.

De son côté, l’Australie effectue son retour sur le marché mondial avec une récolte satisfaisante estimée à 32 millions de tonnes, contre 26 millions de tonnes l’année dernière. Cela pourrait temporiser la tension des prix sur le rapproché. Le marché surveillera également la demande mondiale qui reste incertaine, notamment en Chine. Freinées par le ralentissement économique, les importations de l’empire du Milieu sont en effet inférieures de moitié à l’an dernier.

Premières tendances en 2025

Le début de l’année est l’occasion de dresser le bilan des semis de l’automne dans l’hémisphère nord. Aux États-Unis, les cultures ne sont pas exposées à des risques majeurs grâce à une couverture neigeuse protectrice. En Europe, les semis ont d’abord été perturbés par les pluies d’octobre, mais les conditions de novembre ont permis de rattraper une partie du retard. En France, les surfaces de blé tendre progressent de 8,7 % pour atteindre 4,5 millions d’hectares (Mha), selon Agreste. Cette hausse ne compensera pas totalement la forte baisse de l’an passé. Le marché français peut également espérer une amélioration des rendements après une campagne de 2024 catastrophique. En Allemagne, les surfaces augmentent également de 8 %, laissant présager d’une hausse significative de l’ordre de 10 % de la récolte européenne.

En Russie, les semis d’automne ont été affectés par un manque de précipitations, ce qui compromet déjà les perspectives de production. Seules 31 % des cultures sont jugées en bon état, contre 74 % à la même période l’an dernier. Une partie des blés n’a pas germé et les surfaces devraient diminuer de 5 %. Cette situation pourrait être partiellement compensée par une augmentation des surfaces de blé de printemps. Toutefois, les analystes prévoient une nouvelle baisse de la récolte russe en 2025, estimée à 78 Mt, selon Sovecon, contre 82 millions de tonnes en 2024 et 90 millions de tonnes en 2023. Si ces prévisions se confirment, la Russie pourrait réduire sa présence sur le marché international, offrant ainsi aux origines européennes une opportunité de reprendre des parts de marché. Cette situation combinée à des stocks faibles pourrait maintenir la fermeté des cours du blé dans les mois à venir, cela d’autant plus que les incidents climatiques d’ici aux récoltes ne sont pas totalement exclus.