« On voit un rebond, mais les derniers jours ont encore été marqués par des baisses des prix, a déclaré à l’AFP Gautier Le Molgat, P.-D.G. d’Argus Media France ce mercredi 28 août 2024. Les cours du blé et du maïs ont atteint de nouveaux plus bas sur les marchés, ce qui devrait motiver le retour de quelques acheteurs. »

Les prix du blé au plus bas depuis quatre ans

Lundi, le 26 août 2024, la céréale du pain avait enregistré son plus bas niveau depuis quatre ans, à la Bourse de Chicago comme sur Euronext. La tonne de blé tendre, qui a clôturé lundi à 189,50 euros sur le marché européen, était remontée mercredi à la mi-journée autour de 195 euros.

Les prix du blé de Russie, premier exportateur mondial, « ne montrent pas de signe d’appréciation » et le blé français, et plus largement ouest-européen, « fait toujours face à une concurrence forte avec les grains de la mer Noire », relève Gautier Le Molgat.

Après une année difficile en Europe avec trop de pluie dans le Sud et pas assez dans l’Est, la Commission européenne a revu à la baisse ses estimations de rendement par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Elle table sur un rendement en baisse de 3 % pour le blé tendre, de 4 % pour le maïs grain, et de 2 % pour l’orge d’hiver et le tournesol.

Sur le marché américain, alors que de belles récoltes de maïs sont attendues, le grain jaune est tombé au plus bas depuis la fin de septembre 2020. « Les céréales américaines sont les moins chères du monde. Meilleur marché que celles de l’Ukraine ou d’Amérique du Sud. Donc les autres pays nous voient maintenant comme une destination bon marché », a affirmé Jason Roose, de US Commodities.

Les analystes américains ne voient guère que la légère dégradation de l’état des cultures, constatée lundi par le rapport hebdomadaire du ministère américain de l’Agriculture (USDA), pour aider à soutenir les cours. « La seule chose qui pourrait donner une impulsion aux cours, et je parle de 20 cents de mieux, pas plus, serait la sécheresse à l’Ouest », a assuré Jon Scheve, de Superior Feed Ingredients, alors que le Midwest américain manque de précipitations.

Les prix américains du maïs risquent de peser sur les semis en Amérique du Sud

« Le maïs pourrait encore baisser avec l’arrivée à échéance du contrat à terme de septembre », prévoit-il, estimant que le maïs n’avait « aucun potentiel de rebond » tant que la Chine, grosse consommatrice pour ses élevages, ne revenait pas aux achats.

Toutefois, plusieurs facteurs sont de nature à apporter un soutien aux cours, comme la légère détérioration de l’état des cultures, de moins bons rendements attendus, des achats du Mexique (127 760 tonnes) et la sécheresse en Amérique du Sud. « Au Brésil, c’est pire que l’an dernier », relève Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

À ce stade, alors que les semis débutent en Amérique du Sud, les prix bas américains « vont dissuader le Brésil de planter encore plus » pour la prochaine récolte, estime Jon Scheve. « Ils ne vont pas planter moins, mais ils ne vont pas aller chercher des nouvelles surfaces », dit-il.

Des estimations toujours positives pour le soja

Alors que la situation se dégrade très légèrement pour le maïs, selon le tour de plaine organisé par le site Pro Farmer et qui procède à des inspections dans les grands États de production, les estimations sont toujours bonnes pour le soja.

« Avec ces prix bas, on voit la demande remonter. La semaine dernière, la Chine a acheté du soja tous les jours. C’est positif », a estimé Jason Roose. Les cours de l’oléagineux se sont toutefois un peu redressés du fait d’un temps sec, a-t-il ajouté.

« Août est un mois très important pour le soja » car les graines doivent grossir dans les gousses. « Elles ont besoin d’humidité et là, il fait 38 degrés ici dans le Midwest », a-t-il expliqué.