Des achats de blé européen et la volonté des autorités russes de soutenir officieusement les prix ont fait remonter ceux de l’origine française. Dans le même temps, le colza trouve du soutien du côté du pétrole. Le maïs évolue, quant à lui, en légère baisse avec la progression de la récolte aux États-Unis.
Légère progression des cours du blé français
Sur une semaine, les blés français se sont renchéris, le rendu Rouen a ainsi gagné 4 €/t, à 234 €/t (base : juillet). Le Fob Rouen en dollars a gagné 3 $/t, à 255 $/t. Les cours des blés français ont été soutenus par de potentiels nouveaux achats de blé français opérés par la Chine (après ceux effectués au début du mois, de nouvelles négociations sont en cours). En parallèle, le blé russe à 11,5 % de protéines s’est stabilisé à 227,5 $/t, tandis que son homologue à 12,5 % de protéines s’est modérément contracté de 4 $/t, à 237,5 $/t, et que le HRW a perdu 10 $/t, à 314 $/t.
L’Égypte est revenue cette semaine aux achats. Le Gasc (organisme étatique égyptien) a acheté du blé en provenance de la Roumanie (120 000 tonnes) et de la Bulgarie (50 000 tonnes) pour une livraison sur novembre, à 255 $/t Fob. Ces deux origines étaient les plus compétitives, puisque le blé russe est toujours proposé à un prix plancher non-officiel de 270 $/t Fob pour les achats publics. Des rumeurs indiquent que ce plancher aurait été abaissé en vain à 260 $/t Fob au cours de l’appel d’offres égyptien. En parallèle, des acteurs privés égyptiens négocieraient l’achat d’un million de tonnes de blé russe à un prix inférieur au prix plancher.
Du côté des exportations françaises, l’ambiance était maussade sur les trois premiers mois de la campagne. Sur cette période, les flux ont atteint près de 1,8 million de tonnes, contre 3,9 millions de tonnes l’an dernier. Les prix français sont tiraillés entre cette demande morose et des perspectives de récoltes inquiétantes dans l’hémisphère Sud. En Australie, les conditions climatiques restent chaudes et sèches. Quelques pluies sont attendues dans l’État de Victoria au cours des prochains jours. En Argentine, la situation n’est guère plus enviable avec la persistance d’un climat chaud et sec.
Les stocks de maïs américains sont dans le viseur des opérateurs
Les cours du maïs français sont restés stables sur la semaine. Le prix Fob Rhin s’effrite légèrement à 202,5 €/t (récolte de 2023, base : juillet). Son homologue Fob Bordeaux à, quant à lui, aussi légèrement baissé de 2 €/t, pour s’afficher à 207 €/t. Les marchés sont dans l’attente de la publication du rapport sur les stocks américains prévue ce soir (le 29 septembre 2023). Dans le même temps, les récoltes dans l’hémisphère Nord progressent et les semis en Argentine et au Brésil continuent malgré des conditions très chaudes et sèches.
Du côté de la production, aux États-Unis, 15 % de la surface de maïs a été récoltée en date du 24 septembre, une progression en légère avance par rapport à la moyenne quinquennale (13 %). Bien que les conditions aient été sèches cette année aux États-Unis, la hausse de surface devrait permettre au pays d’atteindre son deuxième meilleur niveau de production, à 384,4 millions de tonnes selon l’USDA (ministère américain de l’Agriculture). Toutefois, ce chiffre de production est encore amené à évoluer dans les prochains mois.
Du côté sud-américain, la récolte Safrinha brésilienne touche à sa fin, et les semis de la première récolte sont en cours avec 18 % de la surface implantée dans les neuf principaux États producteurs. En Argentine, les maïs précoces sont également au début de la période des semis. En Europe, plus particulièrement en France, la récolte de 2023 progresse lentement, avec seulement 6 % de la surface récoltée, contre 24 % en 2022, en date du 18 septembre. Les récoltes devraient progressivement atteindre leur paroxysme lors des prochaines semaines.
Du côté des exportations, l’Ukraine continue ses envois, mais à un rythme inférieur à celui de septembre 2022. Entre le 1er et le 20 septembre, seulement 430 000 tonnes de maïs ont été exportées, contre 1,26 million de tonnes en 2022. Cependant, les tensions politiques avec les pays européens souhaitant prolonger leur « ban » sur les importations ukrainiennes semblent s’estomper. Cette amélioration de la situation devrait faciliter les prochaines exportations du pays. En outre, des bateaux chargés de céréales sont sortis des ports du grand Odessa, même si cette voie d’exportation est pour le moment limitée.
Hausse des cours du colza dans le sillage du pétrole
Cette semaine, les cours du colza en France ont augmenté, influencés notamment par le prix du pétrole. Ce dernier s’est renchéri au milieu de la semaine, soutenu par la baisse, plus importante qu’attendue par le marché, des stocks hebdomadaires aux États-Unis. Par ailleurs, cela intervient dans un contexte de contraction de l’offre mondiale à l’approche de l’hiver et de hausse saisonnière des besoins énergétiques. L’Arabie Saoudite et la Russie avaient déjà annoncé la réduction de leur production jusqu’à la fin de l’année. Il y a quelques jours, la Russie a indiqué vouloir restreindre ses exportations afin de faire face à une pénurie intérieure en carburants. Cela a aussi contribué à faire monter les prix du pétrole.
Toutefois, la hausse des prix du colza cette semaine est restée limitée (+10 €/t rendu Rouen et +3 €/t en Fob Moselle). En effet, les prix européens continuent d’être sous la pression d’une offre abondante de graines, due notamment à d’importants stocks reportés de l’ancienne campagne, une bonne récolte de 2023 et des importations dynamiques en provenance de l’Ukraine.
Les prix européens subissent également la pression de la récolte canadienne. Bien que cette dernière devrait être inférieure à celle de l’an passé, les rendements semblent meilleurs que ceux attendus, pesant ainsi sur les prix canadiens (en baisse de 6 à 7 $/t cette semaine). Au 26 septembre, 78 % des canolas étaient récoltés au Manitoba, 80 % dans le Saskatchewan, contre 40 % dans l’Alberta (au 20 septembre). Aujourd’hui, les yeux se tournent vers l’Australie où le phénomène El Niño, synonyme de sécheresse pour ce pays, s’intensifie.
Les prix du tourteau de soja évoluent peu
Le prix du tourteau de soja à Montoir-de-Bretagne a fluctué au gré des autres cotations internationales cette semaine. Dans l’ensemble, le prix français a peu évolué, grappillant seulement 4 €/t sur le rapproché, pour s’afficher à 495 €/t. Sur le CBoT (Bourse de Chicago), le cours du tourteau de soja américain a également gagné seulement 2 $/t sur la semaine. Le prix du tourteau évolue dans le sillage de celui de la graine. Ce dernier a d’abord progressé mardi à la suite de la publication du rapport de l’USDA, qui rapporte une avancée de la récolte de soja plus lente que prévu aux États-Unis. Des précipitations durant le week-end ont effectivement retardé les travaux de récolte dans les champs.
Par ailleurs, des pluies sont attendues dans certaines parties du Midwest sur les prochains jours. Cette hausse a toutefois été entièrement gommée sur la fin de la semaine. Les cours du soja ont en effet perdu du terrain, entraînés par la baisse du prix de l’huile de soja et la faible demande à l’exportation de la fève de soja américaine. Par ailleurs, les prévisions de surface de soja élevées attendues au Brésil sur la campagne de 2023-2024, continuent de faire pression sur les prix mondiaux de la graine et du tourteau.
À suivre : récoltes de maïs et de soja aux États-Unis, conditions de cultures en Australie et en Argentine (céréales, colza), semis de soja et de maïs en Amérique du Sud, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale.