En blé, « les stocks mondiaux de clôture sont les plus bas depuis 2016-2017 », a indiqué Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer, en conférence de presse le 13 avril 2023. L’USDA (département américain à l’Agriculture) a en effet encore abaissé le 11 avril les stocks finaux de 2022-2023 à 265 millions de tonnes (–2 millions de tonnes par rapport au mois de mars 2023). « Les ratios de stocks de report s’effritent régulièrement », poursuit Marc Zribi. Le ratio stock fin/consommation chute encore de 3 % par rapport à la campagne précédente, à 33,5 % (–8 %, à 19,2 % hors Chine).
Hausse des exportations de blé russe et ukrainien
Du côté des exportations, elles atteindraient 213 millions de tonnes en 2022-2023, en hausse de 5 % comparativement à l’an dernier. Celles de la Russie progressent de 1,5 million de tonnes par rapport au mois dernier, à 42 millions de tonnes. L’Ukraine exporterait 1 million de tonnes en plus (13,5 millions de tonnes) mais l’Union européenne 2 millions de tonnes en moins (35 millions de tonnes).
« La Chine devient le premier acheteur mondial de blé à 12 millions de tonnes, précise par ailleurs Marc Zribi. Soit une hausse de 2 millions de tonnes par rapport au mois précédent. Cette politique d’achats tiendrait à une volonté d’assurer sa sécurité alimentaire mais aussi à la cherté des prix intérieurs du blé et du maïs pour les opérateurs. » Son ratio stocks/consommation est très élevé en blé.
Mais il relativise sur l’ensemble des chiffres de l’USDA : « Tout cela repose sur des hypothèses fragiles, à savoir une production russe maintenue à 92 millions de tonnes par l’USDA alors qu’une majorité de prévisions la situe entre 96 millions de tonnes (CIC) et 104 millions de tonnes (ministre de l’Agriculture russe). »
Concernant le maïs, la production mondiale est abaissée par l’USDA à 1 148 millions de tonnes en 2022-2023, dont seulement 40 millions de tonnes en Argentine (47 millions de tonnes le mois précédent). Le stock final est en retrait à 295,3 millions de tonnes.
Le Brésil va exporter beaucoup de maïs
« Les principaux changements du commerce mondial pour 2022-2023 incluent une forte réduction des exportations pour l’Argentine », signale le spécialiste.
Pour la première fois, « les exportations du Brésil (50 millions de tonnes) seront supérieures celles des États-Unis (47 millions de tonnes) », signale-t-il.
Par ailleurs, la très forte demande de la Chine et de l’Union européenne (24,5 millions de tonnes d’importations en 2022-2023, selon l’USDA) entretient la tension sur le marché.
L’Ukraine exporterait, de son côté, 26,50 millions de tonnes de maïs. La céréale représente les deux tiers des exportations au départ des ports d’Odessa, Chornomorsk, Yuzhny-Pivdeny, dans le cadre du corridor céréalier. Il est suivi par le blé.
En mars, les cinq premières destinations représentaient 69 % du total des exportations agricoles (céréales et oléagineux) via le corridor céréalier. La Chine est la première destination avec 1,3 million de tonnes, puis viennent l’Espagne (636 000 tonnes), la Turquie (308 000 tonnes), les Pays-Bas (238 000 tonnes) et le Portugal (202 000 tonnes).
Recul des échanges d’orge
Quant à l’orge, la production mondiale est anticipée à 152 millions de tonnes en 2022-2023, soit 4 % de plus que l’an dernier, mais les échanges reculeraient de 6 %, à 30 millions de tonnes. Le stock final, à 19 millions de tonnes, serait de 2 % inférieur à l’an dernier. « L’Australie et le Kazakhstan augmentent leurs productions et leurs exportations », explique Marc Zribi.
La Chine vient de modifier ses droits sur les importations d’orges australiennes. Celles-ci avaient été suspendues de facto par l’application par la Chine de droits de douane prohibitifs de 80,5 % dans un contexte de tensions géopolitiques entre les deux pays. « Cela ne devrait pas avoir d’impact sur les exportations d’orge cette fin de campagne mais il faudra rester attentif pour 2023-2024 au vu de la compétitivité de l’Australie vers les pays importateurs », analyse Marc Zribi.