Le 12 mars dernier, le président Macron déclarait que « déléguer notre alimentation [est] une folie » et dessinait les contours d’une France post-coronavirus où des décisions de rupture seront prises pour reprendre le contrôle de notre alimentation. Depuis lors, les notions de souveraineté alimentaire, d’indépendance agricole et d’autonomie alimentaire n’ont eu cesse de faire réagir les acteurs du monde agricole.
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Une indépendance alimentaire au détriment des producteurs ?
Le 30 avril 2020, la FNSEA et 19 représentants du secteur agricole ont salué la mobilisation qui a permis « la continuité de service de la production agricole française ». Un engagement que les acteurs de la filière comptent poursuivre.
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« L’indépendance alimentaire est une priorité et elle doit guider la prise de décisions politiques en France et au niveau européen dans le domaine agricole », soulignent la FNSEA et les 19 autres organisations.
Une définition qui ne doit pas s’apparenter à un « protectionnisme à géométrie variable », alerte de son côté la Confédération paysanne, le 30 avril 2020, pointant du doigt « la course au “toujours plus, à moins cher” et la mise en concurrence des paysans sur la planète » opérées par les politiques, l’agrobusiness et la grande distribution.
Penser l’avenir autrement
Alors que la FNSEA et les acteurs de la filière agricole se disent prêts à « venir élaborer le schéma agricole et alimentaire de demain », la Confédération paysanne émet de fortes réserves sur cette main tendue. « Comment confier les clés du monde d’après à ces mêmes acteurs alors qu’ils sont à l’origine de notre dépendance et de nos difficultés actuelles ? »
Selon la Confédération paysanne, ceux-ci seraient dans « l’incapacité de répondre à l’urgence sociale et écologique ». En est « le symbole désolant », selon la Confédération paysanne, la visite du président Macron dans une exploitation agricole de tomates « hors sol, en serre chauffée ».
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Pourtant, le syndicat majoritaire et les représentants des secteurs de l’amont agricole se disent engagés à « relever les défis de la durabilité économique, sociale et environnementale », « prêts à accompagner toutes les formes d’agriculture », attendant le « soutien de nos décideurs ».