Si la production européenne de cultures arables devrait diminuer légèrement à moyen terme, celle de légumineuses et de soja devrait augmenter sensiblement au cours de la prochaine décennie. C’est ce que prévoit la Commission européenne dans ses perspectives agricoles 2022-2032, publiées le 9 décembre 2022.

Cette croissance s’explique principalement par des incitations économiques et politiques en faveur d'un changement des pratiques agricoles (rotation des cultures), une demande croissante de soja biologique et de produits de soja labellisés (sans OGM, sans déforestation) et à une évolution croissante vers des régimes alimentaires à base de plantes.

Les légumineuses gagnent du terrain

En raison de dérogations temporaires autorisant l'utilisation des terres en jachère à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de prix élevés, les superficies consacrées aux oléagineux ont connu un pic en 2022. Bruxelles estime que les superficies utilisées en Europe pour produire du colza et du tournesol devraient diminuer de 2,5 % d'ici à 2032, soit 255 000 hectares. Cette baisse de surface serait plus que compensée par l'augmentation de 825 000 hectares des superficies consacrées au soja et aux légumineuses.

En cause notamment : les politiques européennes de soutien aux protéagineux, l'évolution des pratiques agricoles (rotation des cultures), les besoins en aliments pour le troupeau laitier biologique en pleine expansion, l'augmentation des produits à base de soja labellisés (sans OGM, sans déforestation) ainsi qu’une évolution vers des régimes alimentaires à base de plantes.

Le soja a la cote

"Alors que la superficie des cultures oléagineuses est appelée à diminuer, les rendements moyens devraient continuer à augmenter, sans toutefois dépasser les rendements records historiques", estime la Commission européenne. La production globale d’oléagineux dans l'Union européenne atteindrait 32,9 millions de tonnes en 2032 contre 30,2 millions de tonnes en 2020-2022. Dans le détail, la production de colza, de tournesol et de soja augmenteraient respectivement de 2,8 %, 14,3 % et 33,3 % d’ici à 2032.

La production de soja continuera d'être soutenue par la nouvelle politique agricole commune (Pac), en particulier en Pologne, en France, en Roumanie et en Hongrie, ce qui devrait se traduire par de forts taux de croissance, bien que partant de faibles niveaux. Dans le même temps, la production de légumineuses progresserait de 2,4 millions de tonnes pour atteindre 6,7 millions de tonnes en 2032 compte tenu de l'extension des surfaces et de l'augmentation des rendements.

Baisse des importations

D'ici à 2032 toujours, l'Union européenne resterait importatrice nette d'oléagineux et de protéagineux, passant d'une moyenne de 20 millions de tonnes nettes importées en 2020-2022 à 17,5 millions de tonnes en 2032. Comment la Commission européenne explique-t-elle cette évolution ? Par une augmentation de la production intérieure et une baisse de la demande.

Sur la même période, les importations de légumineuses diminueraient de 1,3 million de tonnes en 2020-2022, à 0,1 million de tonnes en 2032, en raison de la production intérieure et de la hausse des prix sur le marché mondial. Et, la consommation humaine de légumineuses dans l'Union européenne devrait plus que doubler dans les dix années à venir, même si l'alimentation animale restera leur principal débouché.

Repli de la demande d'huiles végétales

La Commission table sur un repli de l’utilisation des huiles végétales dans l’Union européenne : de 22,1 millions de tonnes en 2020-2022 à 21,2 millions de tonnes en 2032. Mais les efforts faits pour réduire l’utilisation d’huile de palme (+35,7 %) et de soja (–23,5 %) auraient un effet positif sur celle de colza (+12,6 %) et de tournesol (+27,5 %). L’huile d’olive tirerait son épingle du jeu, surfant sur la mode des cuisines méditerranéennes.

Du fait d’une demande déclinante et de volumes de trituration stables, les importations d’huiles végétales déclineraient également, de 16,4 %. De 5,8 millions de tonnes en 2020-2022, elles atteindraient 4,9 millions de tonnes en 2032. Celles d’huile de palme chuteraient de 6 millions de tonnes en 2020-2022 à 3,3 millions de tonnes en 2032. Celles d’huile de tournesol grimperaient de 1,1 million de tonnes à 2 millions de tonnes sur la même période.