Les progrès génétiques concernant le rendement des variétés de colza et de tournesol sont continus. En colza, ils s’accompagnent du basculement, sur la période 2000-2015, d’un marché de lignées vers un marché d’hybrides. Mais avec la pression des maladies et des ravageurs, qui augmente sous l’influence du changement climatique et des impasses de traitements, il est de plus en plus difficile d’exploiter au maximum le potentiel de ces espèces.

C’est par exemple le cas avec la grosse altise en colza, dont la résistance aux pyréthrinoïdes est avérée. Elle impacte la perennité de la culture dans certaines régions. Les recherches publiques et privées s’orientent vers la résistance à cet insecte. Un secteur en pleine ébullition, avec de gros enjeux pour la crucifère.

Du côté des maladies, on cherche à « empiler » les gènes pour éviter les contournements de résistances, afin que ces dernières soient plus « durables ». Des avancées sont aussi attendues pour une meilleure valorisation de l’azote par le colza.

Evolution des débouchés

En tournesol, un projet devrait bientôt être mis en place dans le cadre de Promosol, afin d’évaluer l’impact des différents stress et accidents de culture sur la variabilité de la production. Et au final d’arriver à révéler les bons itinéraires techniques associés à la génétique des variétés.

La tolérance au stress hydrique et au froid lors de la germination des graines est un des axes majeurs de sélection. Trouver des variétés moins gourmandes en eau durant l’été est une autre cible de sélection pour cette culture le plus souvent cantonnée aux terres difficiles.

La génétique est aussi sollicitée pour adapter les hybrides à l’évolution des débouchés. Les inquiétudes de la filière vis-à-vis de l’huile de colza amènent à reconsidérer l’équilibre entre la teneur en huile et celle en protéines des graines. Une façon de mieux valoriser le tourteau. C’est l’objectif du programme Seedprot, qui permettra une intégration future du critère protéine dans les programmes de sélection du colza. Des zones du génome jouant un rôle dans la qualité de la graine (teneur en protéines, ratio huile/protéines…) ont déjà été mises en évidence.

Les nouvelles technologies aident la sélection

La recherche de nouveaux gènes répondant à ces problématiques pour sécuriser les récoltes se fait notamment en exploitant la diversité génétique présente dans les espèces apparentées du colza et du tournesol. Celle-ci bénéficie des progrès de la sélection génomique qui permet, grâce à des outils statistiques puissants, de prédire le comportement des variétés dans différents environnements. Ce qui amène à ne phénotyper que les hybrides ayant le plus de potentiel.

La sélection génomique est de plus en plus accessible du fait de la baisse de son coût, et elle booste le progrès génétique pour tous les caractères complexes multigéniques comme le rendement, la teneur en huile et celle en protéines. C’est moins vrai pour les caractères ciblés strictement associés à des résistances. Des progrès énormes sont également permis avec le phénotypage haut débit (mesure en continu de la croissance et du développement des plantes). Ainsi, la plate-forme Heliaphen de Toulouse teste la réponse des variétés de tournesol au déficit hydrique.

La prise d’images par drones reste un moyen économique et précis pour les semenciers de remplacer les notations annuelles dans les essais, et de proposer d’autres types de phénotypage comme la biomasse… Les capteurs permettent aussi de caractériser les interactions entre la plante et son environnement.