Avec un peu plus de 3 millions de tonnes seulement, comprenant principalement le blé dur, le blé tendre et l’orge, les récoltes céréalières marocaines viennent de subir une baisse de 43 % par rapport aux 5,5 millions de tonnes enregistrées en 2022-2023. La production du pays au cours de la saison 2023-2024 s’inscrit dans le cadre de cinq années consécutives de sécheresse.

Moins de pluie et des températures élevées

Les conditions climatiques extrêmes, caractérisées par une diminution sensible des précipitations et des hausses records des températures, ont fortement touché les cultures, au même titre que dans tous les pays de la région, notamment l’Algérie et la Tunisie.

Pendant cette période, selon une analyse de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), le cumul pluviométrique sur l’ensemble du territoire a été de près de 237 mm. Cela représente une baisse de 31 % par rapport à une campagne normale, dont la moyenne de précipitations est de 349 mm.

Face à cette situation, hormis les régions du Gharb et du Loukkos (nord-ouest du pays), qui ont maintenu leurs capacités de stockage d’eau à des niveaux relativement corrects, tous les périmètres céréaliers ont subi durant cette saison des restrictions sévères, voire un arrêt complet de l’irrigation.

Des rendements de plus en plus faibles

Producteur de blé dans la commune d’Ameur Seflia, sise dans le bassin agricole de Rabat-Salé, Housni Belhoucine décrit la situation de son exploitation pendant cette saison en se rappelant avec dépit : « Il y a quelques années, la production de blé dans la région était abondante, mais durant les cinq ou six dernières années, les récoltes ont fortement chuté en raison de la sécheresse persistante et, cette année, les rendements sont encore plus faibles que l’an dernier. »

Driss Limam, gérant d’une exploitation céréalière de 10 hectares, déclare pour sa part : « Autrefois, nous récoltions jusqu’à soixante sacs de 50 kg par hectare (soit 30 quintaux à l’hectare, mais aujourd’hui, nous atteignons difficilement dix sacs. »

Des milliers d’hectares non récoltés

De leur côté, sur la base du suivi permanent de l’activité pluviométrique dans le pays pendant la même période, les services du ministère marocain de l’Agriculture constatent « une répartition temporelle des précipitations marquée par un retard des pluies, entraînant une sécheresse prolongée au début de la campagne, ce qui a fortement affecté les semis », notamment durant la phase de croissance, de taille et de montaison des plants.

Selon les données du ministère, la superficie globale réservée à la céréaliculture au cours la saison 2023-2024 a été de 2,47 millions d’hectares, dont 1,85 millions d'hectares seulement a été récolté (75 % de la superficie emblavée), ce qui représente une baisse de 33 % par rapport aux 3,67 millions d'hectares de l’année d’avant. Le rendement moyen des périmètres récoltés a été de 17 quintaux à l’hectare.