Que seront les rapports entre la chasse, la nature et la société en 2040 ? Comment peut-elle aborder l’avenir dans de bonnes conditions ? Telles sont les problématiques que la Fondation François Sommer (1), qui prône une chasse raisonnée, a souhaité analyser dans un livre blanc présenté à la presse le 11 juin 2021 à Paris.

Comment assurer la pérennité de la chasse en France

« La chasse ne disparaîtra pas, mais elle devra profondément se transformer », a assuré François Bourse, de Futuribles, l’un des auteurs du livre blanc. Face à la montée des mouvements animalistes (antispécisme, véganisme, droits des animaux…) qui réclame la fin de cette pratique, la chasse doit « tout faire pour être mieux acceptée par la société et ne pas se laisser marginaliser », conclut Philippe Dulac, président de la Fondation François Sommer.

 

Les attentes de la société impliquent « davantage de responsabilités et d’éthique de la part des adeptes de ce loisir », insiste la fondation. Sans réaction, il y a un risque de forte régression. De 2 500 000 chasseurs, il y a 50 ans à un million aujourd’hui, « il importe de tout faire pour ne pas descendre en dessous de 500 000 chasseurs à l’horizon de 2040 », alerte le livre blanc. Une projection qualifiée « d’optimiste » lors de la conférence de presse.

 

Trois années de démarches prospectives ont permis de mettre en avant huit chantiers, « qu’il convient d’ouvrir pour assurer la pérennité de la chasse en France. Deux d’entre eux intéressent et interpellent particulièrement les agriculteurs : l’un consacré au grand gibier et l’autre au petit gibier.

Sangliers : « être plus efficaces avec moins de chasseurs »

Sans surprise, la régulation du sanglier (800 000 animaux en 2019) est largement développée dans le rapport, avec cette question : « Est-elle une mission impossible ? » Les auteurs annoncent que « sans la chasse, la population de sangliers doublerait tous les ans ». Ils admettent toutefois que « la baisse du nombre de chasseurs et leur vieillissement posent la question d’une pression de chasse durable » et que cela « crée des incertitudes sur le modèle de financement des dégâts agricoles ».

 

La fondation préconise une évolution des pratiques de chasse collective pour plus d’efficacité, de définir sans ambiguïté l’agrainage de dissuasion et de réprimer avec sévérité le nourrissage, de réfléchir à « l’extension des périodes dans la saison ou même la nuit », mais aussi de « tourner le dos aux dérives productivistes de certains comme le nourrissage ou les lâchers de sangliers ».

 

Gérard Bédarida, président de l’Association nationale des chasseurs de grand gibier, a souligné l’efficacité de nos voisins allemands : « En 2020, 390 000 chasseurs allemands ont su réguler 890 000 sangliers, soit un prélèvement trois fois supérieur par chasseur à notre contexte national. Il faut se préparer à un changement de culture et de nos pratiques de chasse pour être plus efficaces en France. »

 

Quant au petit gibier, sa chasse s’est considérablement réduite, déplore le livre blanc. Or « elle représente une formidable opportunité pour amener les nouveaux venus à la chasse ». Pour ce chantier, deux enjeux sont mis en avant : favoriser la transition agricole, notamment en rétribuant les agriculteurs pour leur participation à la restauration de la biodiversité, et engager un vaste programme de repeuplement des territoires par la petite faune.

« Savoir s’allier, une nécessité absolue »

Face à la remise en cause de la chasse par les partisans de la cause animale, les auteurs du rapport prônent l’ouverture vers les non-chasseurs et l’assurent : « La cogestion doit l’emporter sur l’opposition : agriculteurs, chasseurs, forestiers, ruraux doivent se retrouver. »

(1) Créée il y a près de 60 ans par François et Jacqueline Sommer, la Fondation poursuit plusieurs buts : œuvrer pour une chasse raisonnée ; développer le musée de la Chasse et de la Nature ; gérer des domaines dont celui de Bel-Val dans les Ardennes. Aujourd’hui, le musée de la Chasse et de la Nature (100 000 visiteurs par an) rassemble les collections de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, dans l’hôtel de Guénégaud et l’hôtel de Mongelas dans le quartier du Marais à Paris.