L’agriculture ne fait plus la une des journaux comme il y a quelques mois mais le secteur entend bien en faire un sujet majeur des élections européennes de juin. Tandis que les partis égrainent leurs propositions, Chambre d’agriculture France a listé une série de 27 recommandations pour orienter les politiques européennes lors du prochain mandat.

Le document publié le 21 mai 2024  balaie large mais met en exergue un objectif principal : redonner une vocation productrice à l’agriculture en Europe. L’organisation espère un « pacte pour la compétitivité des exploitations agricoles » alors que « l’objectif de production du secteur agricole est essentiel pour garantir notre souveraineté alimentaire », argumente-t-elle.

Sanctuariser le budget de la Pac

Le retour au premier plan de cette « Europe qui produit » s’articule en quatre axes. Le partage de l’eau, le maintien de l’élevage, la compétitivité des exploitations agricoles et un élément essentiel, la Pac. Pour ce dernier point, le président Sébastien Windsor et le vice-président Luc Servant militent pour une « sanctuarisation du budget de la Pac et par un changement de paradigme visant à remettre la Pac au service de la production », cosignent-ils dans l’éditorial du document.

Ils déplorent notamment que le budget de la Pac qui représentait 66 % du budget européen en 1992 puisse glisser sous les 30 % en 2027 pour la prochaine réforme. Ils souhaitent donc une revalorisation. « Un cadre financier pluriannuel ambitieux est un prérequis pour une Pac ambitieuse », ajoutent-ils.

Cette revalorisation doit toutefois être un outil au service de la production pour Chambres d’agriculture France. « Dans un contexte de chocs multiples et de fortes concurrences, l’Europe doit être une puissance agricole capable de soutenir ses producteurs, de garantir l’approvisionnement alimentaire de sa population et d’exporter ses produits », plaide le réseau.

Des montants supplémentaires qui doivent également se mettre au service de l’investissement. « Les mutations à venir ne peuvent pas reposer seulement sur une Pac allouant des aides directes, mais sur une Pac suffisamment dotée financièrement pour pouvoir accompagner les agriculteurs à investir dans les technologies qui dessinent les nouvelles pratiques agricoles de demain. »

Cesser la « surrèglementation »

Les Chambres d’agriculture souhaitent également que la vague de simplification des réglementations européennes amorcée dans la foulée des manifestations agricoles du début de l’année se poursuive. Elles pointent les textes comme celui sur la restauration de la nature qui ajoutait des « contraintes supplémentaires pour les agriculteurs » avec des répercussions sur la « compétitivité des exploitations, le renouvellement des générations ou encore le prix du foncier agricole ». Elles demandent également plus de flexibilité sur les calendriers des normes pour s’« adapter aux réalités agronomiques ».

Chambres d’agriculture France espère aussi des mesures de soutien à l’élevage par des aides financières, y compris pour l’ « élevage hors sol européen ».

Une Europe qui « protège » et qui « accompagne »

Dans les autres chapitres du document, Chambres d’agriculture France appelle à des mesures pour plus de recherche agronomique ou d’appui pour les agriculteurs. L’organisation espère de l’aide pour que les producteurs puissent faire face au changement climatique par des diagnostics, est des techniques pour l’atténuation ou l’adaptation. « Les Chambres d’agriculture plaident pour investir dans l’accompagnement au changement plutôt que de financer la réparation des dégâts. »

Elle souhaite enfin une meilleure évaluation des accords de libre-échange et la mise en place de « clauses miroirs » mais surtout « revenir sur la compétence exclusive de la Commission européenne sur les accords commerciaux en acceptant systématiquement une procédure mixte de ratification ».