La chambre régionale d’agriculture de l’Île-de-France a signé le 30 mars 2021 une convention avec la métropole du Grand Paris (Paris, ses trois départements limitrophes et sept communes de l’Essonne et du Val-d’Oise) afin de fixer un cadre pour l’agriculture dans le cœur de la Région parisienne. Cette convention est appelée à se décliner en d’autres conventions spécifiques plus concrètes.

 

La convention-cadre définit quatre champs d’action particuliers à l’agriculture dans une telle zone urbaine :

  • La question foncière ;
  • La structuration des filières ;
  • L’agriculture urbaine ;
  • La ressource en eau.

 

Un équilibre foncier à trouver

La convention reconnaît à la fois la nécessité de la protection des surfaces agricoles et le besoin de surfaces nouvelles consacrées au développement économique. « La moitié de la surface de l’Île-de-France est agricole (mais 2 % du territoire de la métropole, soit environ 2000 hectares et 102 exploitations, NDLR). C’est vrai qu’on parle souvent de la ceinture verte de Paris, mais il faut bien reconnaître que la ceinture a été tant découpée que le pantalon tombe au bas des jambes », illustre avec humour Christophe Hillairet, le président de la chambre régionale d’agriculture.

Nourrir les Parisiens

La convention envisage ici surtout l’alimentation des Parisiens eux-mêmes avec des produits locaux. Le potentiel est énorme mais peu exploité : chaque exploitation du territoire de la métropole du Grand Paris correspond à 74 000 habitants. Ce ratio est de 1 pour 128 en France, et de 1 pour 2 360 en Île-de-France, selon les calculs de la métropole.

 

L’approvisionnement de la restauration collective est une piste envisagée. « Mais il faudra aussi attirer les usines de transformation agroalimentaire parce que, pour l’instant, les productions du territoire partent dans les usines ailleurs pour revenir sous forme d’aliments dans le Grand Paris », explique Christophe Hillairet. Et d’ajouter qu’il faudra aussi s’interroger sur les coûts logistiques pour entrer dans une zone aussi dense que Paris alors que la faible valeur ajoutée des produits agricoles ne permet pas d’assumer de telles charges cachées.

 

Dans son plan Climat, signé en 2018, la Métropole avait déjà envisagé une autonomie en fruits et légumes à hauteur de 15 % grâce à trois mille hectares de plus de surfaces agricoles urbaines ou périurbaines.

 

Par ailleurs, la ville de Paris elle-même met en place une coopérative destinée à développer les filières agricoles proches de la ville, AgriParis. Interrogé sur le risque de concurrence de ces deux projets, le président de la métropole Patrick Ollier affiche un certain volontarisme : « On va travailler ensemble, avec AgriParis. Je ne sais pas si on va y arriver, mais c’est notre ambition. »

Des projets d’agriculture urbaine

La convention envisage le soutien aux projets agriurbains qui foisonnent depuis quelques années. Toutefois, ils doivent être « économiquement viables et socialement vivables par l’établissement de partenariats avec les territoires périurbains et ruraux ». La chambre d’agriculture a déjà tenu des formations à destination des candidats à l’installation en agriculture urbaine.

 

« La chambre d’agriculture est favorable à de tels projets parce qu’ils permettent aux urbains de se réapproprier le vivant », rebondit Christophe Hillairet. C’est peut-être aussi un moyen de faire mieux comprendre les avantages liés à la production agricole mais peu visibles comme la séquestration du carbone.

Gérer l’eau

Depuis 2018, la ressource en eau relève des compétences de la métropole. Depuis, elle est déjà en partie mise en œuvre avec des aménagements de cours d’eau pour éviter les crues de la zone urbaine de Paris. En conséquence, ce sont les champs des agriculteurs qui sont inondés.

 

« La récolte perdue a été indemnisée par la métropole parce que c’est un service à la société, mais il ne doit pas devenir une pénalisation des agriculteurs », explique Christophe Hillairet, qui milite pour l’extension au niveau national de conventions similaires.

 

Pour l’instant, cette convention relève surtout d’un catalogue d’intentions. Des comités techniques sont appelés à la décliner sur le terrain. « On compte sur vos idées et votre inventivité », lance le président de la métropole Patrick Ollier.