« Nous allons faire tout juste la soudure. Il va falloir que je trouve un emploi à l’extérieur pour mettre de l’argent sur le compte familial… Il n’est pas normal en 2020 de ne pas pouvoir vivre de son métier d’agriculteur sans aller chercher un revenu complémentaire à l’extérieur », a expliqué Stéphane Sainson, le lundi 24 août 2020, à Sébastien Windsor, le président de l’APCA, l’assemblée permanente des chambres d’agriculture. Cette année, la récolte a été catastrophique pour ce céréalier de 47 ans, qui cultive 140 ha à Fontguenand, à côté de Valençay (Indre) : 30 q/ha en blé à la place de 60 q/ha en moyenne, 53 q/ha en orge d’hiver, 29 q/ha en orge de printemps…

Des charges en baisse de 30 %

Pas de quoi renflouer la trésorerie, qui était déjà en déficit. Depuis 2016, Stéphane Sainson voit ses chiffres comptables dégringoler et les plans de redressement de trésorerie se succéder. Pourtant, en quatre ans, ce passionné de mécanique a revu complètement ses pratiques. Il a intégré un groupe Dephy et réduit de plus de 50 % son IFT. Les charges en intrants ont baissé de 30 %, de 550 € à 388 €/ha. Et Stéphane a allongé sa rotation en y ajoutant trois nouvelles cultures : le lin, le millet et le pois.

Pas d’eau, pas de colza

Depuis trois ans, le déficit hydrique empêche Stéphane Sainson de semer du colza, une tête de rotation importante dans son système « Dans mes sols hydromorphes, sans irrigation, les semis ne lèvent pas. Depuis la moisson, nous avons eu 23 mm d’eau. Il en aurait fallu 90. Quand j’arrivais à implanter du colza, les rendements étaient corrects, entre 33 et 40 q/ha. Un camion de colza me rapportait autant que trois camions de blé… »

Des aides pour les régions intermédiaires

Entre 2015 et 2018, le revenu moyen de Stéphane atteignait 11 600 € par an, avec des aides Pac à 186 €/ha en moyenne. Malheureusement, ce n’est pas un cas isolé. Sur la même période, le revenu moyen des exploitations de l’Indre était de 10 100 €. De plus en plus de céréaliers de la Région Centre-Val de Loire connaissent une situation économique alarmante. La profession demande davantage de soutien pour les zones intermédiaires, aussi bien dans le plan de relance gouvernemental que dans la future Pac.