D’après une en­quête de l’Institut de l’élevage (Idele) publiée l’été dernier, le refus de brader les veaux est la principale raison avancée par les éleveurs laitiers pour engraisser davantage à la ferme, suivie de la disponibilité en lait. C’est le cas de Pierre et Chantal Arnault, détenteurs d’un troupeau de 100 prim’holsteins dans les Deux-Sèvres (lire p. 48).

En parallèle, la part d’insémination artificielle (IA) en croisement viande ne cesse de progresser en élevage laitier, en raison de l’écart de prix important entre les veaux de race pure destinés à la boucherie et ceux issus de taureaux à viande. « En 2020, 23,6 % des femelles laitières ont été inséminées avec des taureaux de races allaitantes, contre 11 % en 2010 », calcule Sandra Dominique, de l’Idele. Pour répondre à cette demande grandissante, les entreprises de sélection développent des gammes de taureaux « sur-mesure » visant à valoriser des veaux dès le plus jeune âge jusqu’à l’engraissement de jeunes bovins croisés de 18 mois (lire p. 49).

De leur côté, les instituts techniques et les chambres d’agriculture travaillent à identifier des itinéraires techniques adaptés au marché français de la viande rouge. « La création de valeur doit se construire à partir d’un besoin et d’une qualité de produit maîtrisée répondant aux attentes des consommateurs. Il s’agit de mettre en avant une production économiquement viable, cohérente avec son territoire », exprime Emmanuelle Dupont, directrice d’Interbev Bretagne. Des essais sont actuellement menés par l’Idele sur les filières de veaux et chevreaux issus du troupeau laitier (lire p. 50-51). « L’idée est de réenchanter ces filières, souvent considérées comme un sous-produit du lait », ajoute Franck Moreau, secrétaire général de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (Fnec).

Lucie Pouchard