Ambiance à la baisse cette semaine sur le marché français sous l’effet d’une petite remontée de l’euro face au dollar, des bonnes conditions climatiques et de la révision à la hausse des stocks mondiaux de blé et de maïs par l’USDA dans sa publication mensuelle sur l’offre et la demande.

Bonnes perspective de récolte en 2017 pour l’instant

À la mi-mars, les céréales d’hiver affichent un bon potentiel de rendement dans l’Europe de l’Ouest et les précipitations récentes, en France et en Allemagne notamment, ont permis de rétablir en partie les réserves hydriques jusqu’ici insuffisantes. Les semis de printemps démarrent par ailleurs dans de bonnes conditions.

De l’autre côté de l’Atlantique, les inquiétudes de sécheresse sur les plaines de blé US s’estompent et pour l’instant, les semis de printemps démarrent dans de bonnes conditions en Ukraine. Pas d’inquiétude particulière donc pour les récoltes de l’hémisphère Nord. Même si la production de blé reste attendue en baisse nette cet été aux USA à cause d’une chute marquée des surfaces semées et en baisse modérée dans la zone de la mer Noire où les rendements auront du mal à reproduire les très bonnes performances de l’an dernier (même si tout va bien actuellement).

Avec l’approche de la moisson, la perspective d’une remontée de la récolte en Inde a été confirmée cette semaine même s’il convient de rester encore prudent à cause de l’échaudage qui peut se produire en fin de cycle dans ce pays.

Des stocks mondiaux de blé élevés

Ce jeudi, dans sa publication mensuelle, l’USDA a relevé encore les stocks mondiaux attendus à la fin de la campagne en cours et cela résulte surtout d’une nouvelle révision de la récolte australienne (à 35 millions de tonnes).

Cette situation a pesé sur les prix US et sur les prix européens exprimés en dollars. En revanche, elle n’a pas affecté les cotations de la mer Noire qui restent soutenues par l’ampleur des exportations au départ de l’Ukraine, par les livraisons vers l’Égypte au départ de la Russie et le non-empressement des agriculteurs russes à vendre leur récolte dans un contexte où ils espèrent une baisse de leur monnaie face au dollar (ce qui ferait monter leur prix en rouble).

Dans ce contexte, les prix du blé s’affaiblissent cette semaine sur le marché français, abandonnant 2 €/t à Rouen (à 170 €/t pour le blé meunier et 156 €/t pour le blé fourrager). Sur Euronext, l’échéance « mai » perd 2,75 €/t à 174,5 €/t à la clôture du 9 mars. L’Europe vient pourtant de vendre 130 000 tonnes à la Turquie et elle est bien positionnée pour répondre au nouvel appel d’offres que l’Arabie Saoudite vient de lancer (720 000 tonnes). Néanmoins, ce sont des blés de haute qualité (allemands et baltes) qui vont servir la Turquie et la probabilité est forte pour que l’appel d’offres de l’Arabie soit rempli en grande partie par des blés allemands ou polonais.

Le maïs et l’orge suivent

Du côté du maïs, les prix français diminuent aussi sur la façade atlantique, perdant entre 2 et 3 €/t à 169,5 €/t Fob Bordeaux. Ils suivent la baisse des prix de la plupart des origines mondiales, tirées vers le bas par les maïs US après le soutien artificiel de la semaine dernière (rumeur de changement concernant le régime de l’éthanol). Cette semaine, comme en blé, l’USDA a revu les stocks mondiaux de maïs en hausse en remontant les estimations de récolte de l’Afrique du Sud et de l’Amérique du Sud. Exception à souligner toutefois : le maïs Fob Rhin a, lui, augmenté de 3 €/t sur la semaine en raison d’une réduction de l’offre disponible dans cette région.

L’orge baisse à la suite du blé et du maïs. Les cotations fourragères perdent 4,5 €/t à Rouen (à 142,25 €/t) et 7,5 €/t en Moselle (à 133,25 €/t) ; statu quo en revanche en orge de brasserie.

Soja : les perspectives de production au Brésil pèsent sur les cours

Les cours du soja se sont affaissés cette semaine en perdant presque 10 $/t sur la Bourse de Chicago, à 368 $/t. Ce mouvement s’explique notamment par les excellentes perspectives de production au Brésil. Les conditions logistiques se sont également améliorées localement et les transporteurs brésiliens ont pu reprendre l’acheminement des fèves vers les bateaux qui pourront bientôt livrer des volumes de soja pléthoriques.

Dans sa récente publication, l’USDA a revu en hausse de 4 Mt la production brésilienne, à 108 millions de tonnes. L’agence nord-américaine a notamment remonté son estimation de rendement à 3,19 t/ha, contre 3,07 t/ha en février. En revanche, les surfaces récoltées restent prévues à 33,9 millions d’hectares. Notons que des investisseurs ont anticipé cet ajustement en procédant à des ventes techniques, contribuant ainsi à la baisse des cours cette semaine. Les chiffres de l’USDA sont par ailleurs inchangés sur un mois en ce qui concerne la production de soja argentin, à 55,5 Mt. Les conditions climatiques semblent plutôt favorables au bon remplissage des gousses mais la situation reste à surveiller de près. Autre facteur baissier : les achats chinois auraient ralenti entre janvier et février, selon les dernières déclarations de Douanes mais la dynamique d’importation du géant asiatique reste supérieure à celle de 2016 sur la période équivalente.

Colza : des prix en retrait dans le sillage du soja

La fermeté du prix de l’huile de palme et les inquiétudes concernant la récolte de Canola en Australie ont un peu soutenu les cours du colza au début de la semaine. Le repli du prix du pétrole et le contexte en soja ont toutefois rapidement gommé cette tendance, entraînant le colza dans un mouvement baissier. Les prix ont ainsi perdu 4,5 €/t rendu Rouen (à 415 €/t) et ont reculé de 3,5 €/t pour le fob Moselle (421,5 €/t). Le repli du colza est encore plus marqué sur Euronext où les cotations de l’échéance de mai ont cédé 6,75 €/t sur une semaine (à 412,75 €/t).

Par ailleurs, les cotations du tournesol se sont légèrement repliées à Saint-Nazaire sur une semaine (–2,5 €/t à 382,5 €/t) en raison du faible dynamisme de la demande. Au regard des faibles marges de trituration, la graine conserve un potentiel de baisse afin de stimuler la demande des triturateurs.

Tourteaux : baisse des prix dans le sillage de la fève

Les prix des tourteaux n’ont pas résisté non plus à la pression baissière du soja. Ainsi, les cotations ont reculé à Chicago (–7 $/t à 357 $/t). Elles se sont repliées de 7 €/t sur le marché français pour coter seulement 363 €/t à Montoir. Dans ce contexte, les tourteaux conservent une bonne attractivité dans les rations industrielles face aux céréales.

En revanche, le pois fourrager départ Marne s’est légèrement revalorisé cette semaine en gagnant 1,5 €/t, à 223 €/t.

À SUIVRE : évolution des prix mer Noire en blé, conditions climatiques hémisphère Nord, conditions climatiques en Argentine, progression de la récolte et approvisionnement des bateaux au Brésil.

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