Présentes chaque année, mais avec des densités de population variables, les cicadelles de l’espèce Psammotettix alienus sont vectrices du virus des pieds chétifs, qu’elles injectent par piqûres aux plantes. Les blés et orges du centre, du nord et de l’est de la France sont les plus exposés, mais l’insecte est présent dans d’autres régions, comme l’Auvergne. « La météo de l’été ne présage en rien du niveau de risque pour les futurs blés, déclare Agnès Tréguier, ingénieur Arvalis à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher). Ce sont les conditions climatiques pendant la phase de levée jusqu’à trois feuilles qui sont vraiment déterminantes. Un temps calme et ensoleillé avec des températures supérieures à 15 °C favorise la mobilité des insectes, plus à même de piquer un grand nombre de plantes. À la différence des pucerons vecteurs de la JNO, les cicadelles ne supportent pas les pluies et leur activité décroît durant l’automne. »
Agronomie et insecticides
La surveillance des insectes s’effectue de plusieurs manières. Par observation directe, tout d’abord, en parcourant les parcelles à l’aide d’une baguette. Cela permet de repérer les cicadelles qui se déplacent en volant de quelques mètres, mais ne facilite pas l’identification car il en existe une grande variété. La pose de pièges inclinés dans les futures parcelles avant même la levée des céréales peut compléter le dispositif. Placées à une trentaine de mètres minimum du bord, les plaques jaunes engluées de format A4 fournissent une estimation de la dynamique des populations. « Un comptage une à deux fois par semaine par l’agriculteur permet de dénombrer les insectes, mais pas de s’assurer qu’il s’agit de Psammotettix alienus. Le meilleur moyen de suivre l’évolution du risque à l’échelle d’une région consiste à suivre les Bulletins de santé du végétal (BSV) », explique Agnès Tréguier.
Après le retrait du traitement de semences à base d’imidaclopride, les moyens de lutte contre les cicadelles se résument aux mesures agronomiques et aux traitements insecticides en végétation. Il faudra sans doute encore plusieurs années avant de disposer de variétés tolérantes au virus. Dans les secteurs à risque, il est essentiel de détruire les repousses de céréales, qui servent de réservoir de populations. Il reste que celles-ci affectionnent également les graminées sauvages qui poussent en lisière des bois ou sur les bandes enherbées. Une technique d’esquive consiste à retarder les semis jusqu’à mi-octobre afin d’éviter la concomitance entre les stades jeunes du blé, très sensibles au virus, et les vols de cicadelles. « Les traitements en végétation à base de pyréthrinoïdes sont déclenchés en fonction de captures hebdomadaires supérieures à 30 et, surtout, en présence d’insectes actifs », précise Agnès Tréguier. Les journées ensoleillées et calmes sont à privilégier, tout en sachant que les produits de contact ne protègent que les feuilles présentes. L’efficacité est meilleure quand le produit touche directement les cicadelles. Si la période chaude et sèche se poursuit avec présence d’insectes actifs, le traitement est à renouveler à chaque apparition d’une nouvelle feuille. Vincent Thècle