Au Gaec du Roucal, à Saint-Etienne-du-Valdonnez en Lozère, Marie Christophe et Dorian Boiral ont rodé leur organisation afin de ne pas perdre de temps au chevrotage. « Comme nous groupons les chaleurs avec l’effet bouc, les naissances sont rassemblées elles aussi, expliquent les éleveurs. Durant huit à dix jours, nous accueillons 20 à 30 chevreaux au quotidien. À cette période, nous embauchons une personne afin d’être trois à la chèvrerie. »
Sur un chariot, ils regroupent le matériel nécessaire à la désinfection des cordons ombilicaux et à l’identification. « Nous plaçons un collier au chevreau, numéroté à l’avance, et nous remplissons le carnet de chevrotage », note Marie. Ils posent également un collier à la mère, d’une couleur différente chaque jour de la semaine. « À la traite, nous savons ainsi quand elle a mis bas. Au bout de sept jours, son lait peut être envoyé au tank car il ne contient plus de colostrum. Nous lui enlevons alors ce collier. »
Une sonde pour le colostrum
Le chariot porte deux caisses paillées, qui permettent de transporter six chevreaux jusqu’à la zone de pesée et de distribution du colostrum. « Nous pesons chacun d’eux afin de calculer la dose de colostrum à apporter, correspondant à 10 % de son poids. Puis nous veillons à ce qu’ils les reçoivent dans les quatre heures afin d’optimiser l’immunité », détaille la jeune éleveuse, qui les place dans de petites caisses chauffées par une lampe le temps de préparer le colostrum.
Celui-ci, déjà sélectionné et thermisé (lire l’encadré ci-dessous), est réchauffé à 38°C. « Nous utilisons une sonde pour l’envoyer directement dans l’estomac du chevreau. Celle-ci est reliée à une pompe plongée dans le colostrum, avec une commande au pied pour doser la quantité. Cela prend seulement 30 secondes alors qu’au biberon, il faut y revenir plusieurs fois pour faire boire toute la dose », précise-t-elle.
Quatre stations d’allaitement
Deux parcs accueillent les chevreaux destinés à l’engraissement, qui ne resteront que huit à dix jours à la ferme. Les futurs reproducteurs mâles et femelles sont répartis dans quatre parcs en fonction de leur âge puis de leur poids. La litière est constituée de plaquettes de bois très absorbantes. « Une fois celles-ci épandues, il n’y a plus besoin d’y toucher jusqu’au sevrage à 17 kg. C’est un gain de temps appréciable par rapport aux granulés de paille, qui doivent être rechargés tous les jours. »
Le Gaec est équipé d’une louve reliée à des stations d’allaitement sur caillebotis. « C’est très pratique ! Avant, il fallait préparer treize seaux à tétines matin et soir. Avec ce système, j’ai seulement à charger la poudre de lait et tout nettoyer une fois par jour. » La tâche la plus longue reste d’amener chaque chevreau à téter. « Les plus dégourdis ne mettent que deux jours. Mais nous vérifions durant deux semaines si chacun a le ventre bien plein. »
Dans les parcs, elle leur met un peu d’argile à leur disposition pour éviter les diarrhées. Au cornadis, ils peuvent accéder tout de suite à un foin de sainfoin qui les aide à faire leur panse, et à un aliment croissance. « Chacun commence à en consommer à son rythme. Cela facilite la transition alimentaire et améliore le gain moyen quotidien, qui démarre cette année à 260 g/j », précise Marie. Les chevrettes sont ainsi mises à la reproduction à 34 kg, entre 7 et 8 mois.