Installés début 2018, Nadège et Nicolas Steiner diversifient les cultures sur l’exploitation afin de réduire les risques financiers et climatiques.
Ainsi, blé tendre, colza (alimentaire et érucique) et escourgeon côtoient du lin textile (hiver et printemps), de la pomme de terre, de la luzerne, de l’orge de printemps semée à l’automne, de même que du blé dur. C’est la quatrième année que cette céréale est cultivée et la troisième année sous contrat. « Nous essayons de trouver des filières courtes. Pour le blé dur, nous travaillons avec NatUp et Lustucru (lire l’encadré ci-contre). L’industriel dispose, en effet, d’une semoulerie à Rouen et transforme les pâtes dans l’Oise (voir photo en médaillon ci-dessus). C’est beaucoup plus intéressant que de l’exporter ! »
Cependant, si l’EARL du Petit Nicolas a pu se lancer dans cette culture, c’est aussi parce qu’elle est située au Mesnils-sur-Iton, dans le sud de l’Eure. Elle dispose d’un contexte pédoclimatique proche de celui de la Beauce, qui se prête bien à cette culture.
Semis plus tardif
« Le semis intervient juste après celui du blé tendre, ce qui permet d’étaler un peu les travaux », explique Nicolas Steiner. En 2021, c’est RGT Voilur, une variété adaptée au nord de la France, recommandée par les semouliers et pastiers, qui a été choisie. Elle est résistante à la verse, un critère essentiel pour préserver la qualité, notamment quand le blé dur peut être irrigué, comme ici (en fonction des conditions de l’année).
Avec un semis plus tardif que les autres céréales d’hiver, le risque de transmission de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) par les pucerons est aussi amoindri. Toutefois, l’implantation en novembre est aussi un atout côté désherbage, puisque les levées de ray-grass et vulpins ne sont pas favorisées. « Là, je n’ai fait qu’une prélevée mais si les parcelles sont sales, la postlevée peut être nécessaire », complète l’agriculteur, qui précise que la culture est sensible au flufénacet. De plus, le blé dur est plus tolérant aux maladies foliaires qu’à la fusariose. Il est donc essentiel d’encadrer la floraison à l’aide d’un ou de deux fongicides. Et la culture a davantage besoin d’azote, car il faut plus de protéines dans le grain (13,5 % minimum).
Le conseil de NatUp est d’implanter une surface équivalente à une journée de moisson, et de posséder le matériel sur la ferme afin de récolter prioritairement le blé dur en cas de pluie annoncée. Sinon, avec quelques millimètres de pluie, la qualité (fusariose, mitadinage, moucheture, Hagberg…) se dégrade très vite. Les céréaliers en ont, d’ailleurs, fait les frais, en 2021, avec des problèmes de temps de chute de Hagberg.
Avec un potentiel autour de 65 q/ha, les prix habituellement plus élevés que ceux du blé tendre, + 50 à 70 €/t, leur permettent de valoriser leurs petites terres. « Même si, cette année, nous gagnons un peu moins en étant sous contrat, nous ne sommes pas opportunistes et savons qu’être en filière c’est l’assurance de savoir où l’on va en termes de prix », juge le couple. C. F.