Cette semaine, c’est la hausse de l’euro face au dollar qui l’emporte et qui fait chuter les valeurs françaises exprimées en euros. Les blés meuniers perdent ainsi entre 2 et 4 €/t selon les échéances, cotés ce 19 mai 2017, à 155 €/t rendu Rouen en ancienne campagne et 160 €/t en nouvelle campagne (base juillet). L’échéance de septembre d’Euronext, quant à elle, a perdu 4,25 €/t, à 165,75 €/t à la clôture du 18 mai.

 

Le dollar est victime d’un mouvement de défiance des investisseurs américains envers Donald Trump après le limogeage du responsable du FBI et les soupçons d’entrave à la justice de la part du président américain concernant l’enquête sur son ancien conseiller pour la sécurité nationale. De son côté, l’euro continue à bénéficier d’un climat plus favorable et d’une remontée de confiance à la suite de l’affirmation par la France d’une orientation européenne claire.

 

Cette vague de baisse liée à la remontée de l’euro touche aussi le maïs qui perd entre 1 et 7 €/t selon les places : le Fob Rhin abandonne ainsi 1 €/t à 171 €/t et le rendu La Pallice perd 7 €/t à 158,5 €/t. L’orge fourragère, en ce qui la concerne, voit son prix diminuer de 3 €/t pour les échéances de la nouvelle campagne à 140,25 €/t rendu Rouen ou Fob Moselle. Le retour des pluies a aussi joué un rôle apaisant.

Les orges brassicoles à l’écart

Très peu de changement en revanche pour les orges brassicoles. Les prix sont montés à la fin de la semaine dernière, plusieurs opérateurs craignant les déboires climatiques que le manque de précipitations risquait d’apporter aux cultures françaises et anglaises. Depuis, les pluies ont calmé les esprits et les prix sont redescendus. Pas de gros achats de la part des malteurs car les brasseurs ne sont pas au marché actuellement, tablant sur une baisse des prix.

Retour de l’Égypte aux achats

Alors que les opérateurs commençaient à douter d’un nouvel achat de l’Égypte avant la fin de la campagne, ce pays a tout de même acheté cinq cargos (295 000 tonnes) de blé tendre pour chargement du 15 au 24 juin. Vu l’augmentation des prix français sur le marché mondial à cause de la hausse de l’euro et de la remontée des taux de protéines exigés par l’Égypte (12,5 % pour les blés de la mer Noire et 12 % pour la France notamment), la France n’a rien vendu dans cet appel d’offres. L’Égypte a préféré des blés roumains, russes, ukrainiens et américains (HRW).

 

L’Irak et la Tunisie ont aussi été présents sur le marché du blé tendre cette semaine avec des achats respectifs de 50 000 t de blé australien et 92 000 t de blé d’origine optionnelle.

Une situation russo-turque loin d’être normalisée

Nous mentionnions la semaine dernière la fin de la querelle entre la Russie et la Turquie et le fait que les meuniers turcs allaient de nouveau pouvoir importer des blés russes. Sur le papier, il en est ainsi. Dans les faits, selon les importateurs turcs qui tenaient leur congrès cette semaine à Ankara, le gouvernement turc ne permet pas encore que les achats soient couverts à 100 % par des blés russes. La situation entre les deux pays reste tendue et loin d’être normalisée. Cela suscite l’inquiétude des importateurs turcs car ils ne savent pas quelles sont actuellement les vraies règles du jeu.

 

À court terme, ce point reste un élément d’incertitude. À moyen terme, contrairement à ce qui pouvait se dessiner les semaines précédentes, les meuniers turcs affichent clairement une préférence pour le blé russe, la plupart du temps moins cher que le blé européen de qualité comparable et plus proche des variétés turques elles-mêmes.

 

À suivre : conditions climatiques du printemps dans l’hémisphère Nord, l’Union européenne et la Russie notamment, taux de change.

Les cours du colza pénalisés par la remontée de l’euro

Les cours du colza sont en recul assez net cette semaine. Les pluies qui continuent de tomber font du bien aux champs et rassurent les opérateurs. Les prix exprimés en dollars sont stables, mais ils reculent assez nettement dans la monnaie européenne. En effet, le prix du colza sur Euronext (contrat d’août) perd 8,5 €/t à presque 360 €/t. Les cours Fob Moselle comme rendu Rouen concernent maintenant des graines de la nouvelle campagne et sont à respectivement 360 €/t et 356 €/t.

 

Au Canada, le prix du canola à Winnipeg regagne presque 4 $/t sur le rapproché, à 382 $/t le 18 mai. Les agriculteurs font toujours face à des conditions humides qui rendent difficiles l’avancée des semis. Ainsi dans le Saskatchewan, première région productrice avec plus de la moitié des surfaces canadiennes, 21 % des semis de colza étaient réalisés au 15 mai, contre 39 % l’an dernier à la même date et 56 % il y a deux ans.

 

La météo reste aussi difficile en Alberta (un tiers des surfaces), mais est bien meilleure au Manitoba (15 % des surfaces). Dans ces conditions, les très fortes intentions de semis publiées à la fin d’avril par l’office statistique national paraissent donc très compromises, ce qui pourrait soutenir les prix canadiens – et européens – dans les prochaines semaines.

 

Les cours de la graine de tournesol sont inchangés à 355 €/t à Saint-Nazaire. Le marché est atone, en attente de la nouvelle récolte.

Le soja toujours en baisse

Les cours du soja à Chicago ont reculé de 3,8 $/t cette semaine. Ils ont de nouveau été entraînés en baisse par les fortes disponibilités sud-américaines. Néanmoins, les États-Unis réussissent encore à vendre à l’exportation, avec environ 400 000 tonnes signées la semaine dernière. Les volumes importants en cours de récolte au Brésil et en Argentine devraient malgré tout peser pendant encore quelques mois sur les cours du soja, sauf en cas de problème climatique aux États-Unis.

 

Au 14 mai, l’avancée des semis dans la « Soy Belt » des États-Unis était de 32 %, dans la moyenne quinquennale, et proche de l’an dernier. Les conditions climatiques sont pour l’instant satisfaisantes et n’engendrent donc pas de pression haussière sur les cours.

 

Les tourteaux de soja ont suivi les cours de la graine sur le marché de Chicago : ils reculent de 4 $/t cette semaine (à 339 $/t). Avec le recul des cours mondiaux et la hausse du taux de change, les prix du tourteau de soja reculent de 14 €/t à Montoir (à 329 €/t).

 

Enfin, les cours du pois fourrager départ Marne sont inchangés cette semaine à 210 €/t.

 

À suivre : avancée des semis aux USA et au Canada, conditions climatiques sur le continent européen d’ici à la récolte, rythme d’exportations brésiliennes.