Plutôt que de faire disparaître le chauffage au fioul, le gouvernement pourraient le faire évoluer, en travaillant avec les agriculteurs. Il a annoncé cet été l’interdiction de l’installation de chaudières au fioul utilisant un combustible 100 % fossile à compter du 1er janvier 2022. La transition est en cours vers une alternative à partir de cultures oléagineuses.

 

Le développement du biofioul de chauffage « est une excellente nouvelle » pour Arnaud Rousseau, le président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (Fop). La filière du biocarburant est impactée par la baisse de consommation de gazole, qui constitue un débouché important. Le plan protéines et les 100 millions d’euros dont il va bénéficier grâce au plan de relance vont aider le développement du biofioul.

 

La production de tourteaux protéiques sera en effet mise en avant par les acteurs du secteur. En plus des soutiens à ces cultures, les infrastructures de stockage et logistique mais aussi la R&D (recherche et développement) pourraient être éligibles à ces financements, d’après Arnaud Rousseau.

Plus de cultures, moins de fossiles

Le biofioul de chauffage est déjà distribué en Normandie, où se trouve l’usine d’estérification Saipol, à Grand-Couronne (Seine-Maritime), sous la forme F10. Celle-ci contient 10 % d’ester méthylique de colza (EMAG) incorporé dans du fioul fossile. Elle est compatible avec l’ensemble du parc de matériels existant, qui chauffe 3,5 millions de foyers français. Le F10 arrive en Alsace et dans les régions bordelaise et lyonnaise.

 

La profession propose que ce F10 soit généralisé pour remplacer le fioul actuel. La filière sera à même de proposer du F30 (contenant 30 % d’EMAG) dès 2022 pour les propriétaires de chaudières neuves, adaptées pour ce combustible. L’objectif est de proposer du F100 à l’horizon de 2040, intégralement renouvelable. La consommation française de fioul est actuellement de 7 millions de m3 par an, le débouché qui s’ouvre aux producteurs d’oléoprotéagineux n’a donc rien de négligeable.

Le tournesol n’est pas en reste

Le tournesol a également été évoqué lors de la conférence de presse. Cette culture devrait connaître une importante augmentation de sa surface. Elle peut également contribuer à l’élaboration de biofioul. Le président de la Fop a mis en avant les évolutions climatiques qui permettent la remontée vers le nord de cette plante.

 

Le tournesol est également plus facile à désherber de manière mécanique, un aspect non-négligeable de nos jours. Enfin, Arnaud Rousseau a souligné son importance pour les pollinisateurs. Son décalage de floraison avec la majorité des grandes cultures est favorable à la biodiversité, en offrant de la nourriture en période estivale, parfois en « disette florale ».